Aurélien est en train de disparaître. On le bouscule, on le trouve flou, on l’oublie. Les passants dans la rue, ses collègues de travail, sa mère, l’amour de sa vie. Au départ, c’est au travers des réactions extérieures qu’il en prend conscience. Puis il doit le constater sur certaines images, des photos où seule sa silhouette se fane d’heure en heure. Il ne devient qu’un léger souffle, totalement invisible aux yeux des autres, même sa voix n’est plus audible que par lui seul. Il revient des souvenirs, de la prime enfance, qui, progressivement, rappellent avec précisions des sensations, des odeurs, un air chanté qui va devenir presque obsessionnel. Au-delà de son personnage qui s’éteint, tout objet lui appartenant – vêtement, frigidaire, table… -, tout s’effacera. Dans cette errance solitaire Aurélien devra constater que même son souvenir aura disparu. Il l’entendra de la bouche de sa mère, regrettant de ne jamais avoir eu d’enfant !? Sylvie Germain est une conteuse de trouble. On se demande d’abord si le sujet aura droit à élucidation, prétexte à de scientifiques ou paranormaux développements. « Hors Champ » apparait comme le témoignage de la peine intérieure d’Aurélien. Le constat de ce qui arrive. Ses réactions face à l’emprise impossible sur la réalité. Et la fin, aussi triste (?) que le destin de la feuille morte dans la bourrasque. Comme la grosse mouche qui virevolte dans le salon de sa mère occupée à jouer avec ses amis. Personne ne saura jamais qu’il était là encore une fois, juste avant que la fenêtre soit rapidement entrouverte. Il était une fois, une auteure à l’inspiration spatiale. Spécial, et inconvenu.

CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :

Marc Sapolin
De l’organisation de concerts aux interviews d’artistes il n’y avait qu’un pas. Plus de vingt-cinq ans de rencontres avec les artistes et toujours la passion de la découverte.

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