pochette Rivers 1Un pan d’histoire au travers du parcours de Dick. Impitoyable passionné détaché du star-système, lorsque l’envie vient, parait un nouvel album. Celui-ci, livré au printemps, se présente comme une partie de plaisir. Un « truc » à partager avec le public. Les mots de « Si j’te r’prends », donne le ton. Musique country enlevée et leçon de vieux cow-boy au copain désespéré. « Sans devise » continue dans le style (« J’aimerais être parfait ») avec un son propre qui ne fleure pas le pillage à Nashville, mais qui peut s’enorgueillir d’imposer son assurance, histoire de chemise qui ne vaut pas un clou. Ce qu’il y a d’adorable, avec Dick Rivers, est cette capacité de distinction où l’homme est capable de prendre un certain recul et où, avec beaucoup d’humour, il se positionne humainement et chaleureusement, à l’écart du monde du show-bizness. Le plaisir des musiciens qui s’éclatent derrière est évident (« Mustang »). Parmi eux, Oli, dit Le Baron, et sa présence rock’n roll. C’est d’ailleurs à ce point de l’album, quatrième titre, que la country vire au rock et que les riffs, souvent accompagnés d’harmonica, se rudifient. « J’suis maudit », constate l’artiste, et demande « Qu’est-c’que tu m’as fait ? » Impossible de s’ennuyer avec un tel track-listing. « Paris-Vintimille » déborde sur les pistes rockabilly. Rien ne résiste à cette voix profonde. Loin des facilités et de l’insouciance des années 60 – mais là, c’était une grande page de l’histoire musicale populaire qui s’ouvrait -, il y a aujourd’hui comme une sagesse, comme un père qui éduquerait son enfant avec les meilleurs précautions. Et « L’amour m’attendait là » – adaptation par Francis Cabrel du « Make You Feel My Love » de Bob Dylan -, découvre le crooner, la douceur légèrement dissimulée sous la fermeté du rocker. Alors que ce même Francis Cabrel écrit aussi les paroles et la musique du plus « hargneux » des titres : « Le Rôle Du Rock ». Et puis des choses inattendues, comme ces craquements de vinyle au début des « Rois Serviles » de Georges Moustaki, pour justifier la « route nonchalante » prise il y a des lustres par l’artiste. A part « Les Herbes Hautes », signées Joseph d’Anvers, la plupart des morceaux sont signés ou co-signés par Oli le Baron, dont ce « Jeanne Et Henri » à l’intro évoquant sans doute volontairement le « My Generation » des Who, même si la chanson en elle-même n’a pas obligatoirement de lien.  Oli, capable d’écrire aussi de véritable ballade country (« Tu M’As Changé »). Et puis ça se termine avec une très belle reprise du « O Marie » de Daniel Lanois. Que du bonheur à prendre dans ces « Rivers » fagotées pour redonner une dose de punch à une époque qui commence sérieusement à en manquer. Dick semble dire « Prenons du plaisir là où il se trouve. Et pas besoin de chercher loin. Il suffit de regarder autour de soi ! »

Dick RIVERS - GibsonPochette album RIVERS

 

CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :

Marc Sapolin
De l’organisation de concerts aux interviews d’artistes il n’y avait qu’un pas. Plus de vingt-cinq ans de rencontres avec les artistes et toujours la passion de la découverte.

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *