Couv La guerre d'hiver - Philip TeirMax Paul, professeur de sociologie, reconnu pour une étude sur la sexualité des finlandais publiée dans les années 90, va fêter ses soixante ans. Ou plutôt Katriina, son épouse, va prendre en main l’organisation de cette fête qu’en apparence il n’espère pas plus que cela. Max Paul travaille sur la biographie d’Edvard Westermarck, sans maintenir l’entrain qui l’avait amené sur le sujet. Laura, ancienne élève de Max, maintenant journaliste, veut, à l’occasion de cet anniversaire, l’interviewer pour un magazine important. Il accepte et la rencontre se formalise. Au-delà de l’entrevue, l’éditeur de Max propose à ce dernier que la jeune fille s’associe à son travail actuel pour une relecture qui lui servirait de regard extérieur. Le jeu des relations humaines dans ses complexités et ses récurrences se met alors insidieusement en branle au rythme du quotidien. La famille, femme, filles, maris, enfants, amis, chacun existe, partagé entre désirs espoirs, déceptions, obligations, ambition. Mais ce qui se joue surtout, est la dégradation progressive du lien, déjà usé, entre Max et son épouse. La manière dont ces deux-là incitent ce qui les tient encore à une sorte de défi, voilant faussement une volonté de survie du couple, provoquant chez l’un et chez l’autre une source de réponses contradictoires, aboutissant finalement à la rupture du lien. Au fond, la détermination est belle et bien féminine, l’épouse ayant, sans forcément de preuves d’infidélité à l’appui, déjà décidé de la rupture, et ce, pour un ensemble de raisons. L’homme sera, quant à lui, pris au piège de ses doutes et de la tentation, pointant des incertitudes qui mènent rarement ailleurs que vers une solitude finale. Le roman se tient à cette évolution tout en détails intérieurs, constitués d’impressions présentes où chacun, dans ses liens avec les autres, laisse remonter des sentiments qui montrent la complexité des rapports humains, de ce que les relations engendrent, de l’enfance à l’âge adulte. Et comment souvent, plus loin encore dans le temps, aucune réelle réponse satisfaisante ne permet un épanouissement salvateur de l’individu. On peut toutefois regretter, au travers de ces lignes, une sorte de distance entre le lecteur et les personnages, comme si une fraîcheur générale empêchait tout accès plus en profondeur et en sympathie. Peut-être une particularité finlandaise ?

Philip Teir 2

CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :

Marc Sapolin
De l’organisation de concerts aux interviews d’artistes il n’y avait qu’un pas. Plus de vingt-cinq ans de rencontres avec les artistes et toujours la passion de la découverte.

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