« Reverie » est une jeune femme riche en style, à la verve bien « chiadée ».  Elle nous arrive tout droit de Los Angeles et représente la scène underground de la côte ouest des États-Unis. Artiste émergente en plein devenir, elle s’est faite toute seule et use de ses talents d’entrepreneuse pour faire parler d’elle.

En effet, Reverie a commencé à faire entendre sa prose avant même son adolescence. Elle a gagné ses premiers concours de poésie à l’âge de 9ans. Elle s’est ensuite inspiré des rappeurs américains pour poser son premier seize à 17 – (16 mesures étant une référence dans les bases musicales du rap). Puis, les efforts et la prise d’initiative l’ont menée à ce qu’elle est aujourd’hui.

En concert à Aix-en-Provence la nuit précédente, Reverie s’autorise une courte nuit sur Marseille. Elle nous accorde une interview.

Ce fut une interview plus que singulière, puisque réalisée face à une table basse ornée de plats typiques libanais, de jus de mangue et de citronnade. Entre deux bouchées, c’est avec passion que l’artiste américaine nous raconte comment, depuis trois ans, elle atteint la voie de la reconnaissance. Ses clips font le tour du monde et elle aussi, mais pas sans efforts. La fatigue se fait ressentir de son côté : c’est épuisant, mais kiffant ! Des pays nordiques en passant par l’Europe de l’Est, elle nous raconte que les Français et les Bulgares gagnent peut-être la palme du meilleur public. Mais en France, Lyon prend les devants et s’installe à la première place.

Comme le chauvinisme n’est pas dans nos habitudes, nous acceptons l’affirmation, et commençons l’interview :

 

Vous avez collaboré avec des artistes Marseillais et vous avez joué plusieurs fois dans cette ville, avez-vous une histoire particulière avec Marseille?

Je pense que je suis venue ici pour la première fois il y a trois ans. Je suis ensuite revenue pour un autre concert. Un jour le groupe La Méthode m’a demandé si je souhaitais faire un morceau avec eux. L’idée m’a plu. J’ai du mal à me souvenir exactement à quel moment nous avons enregistré le morceau et quand nous avons tourné le clip, c’était il y a longtemps déjà et il se passe tellement de choses ! Ici j’ai fait deux concerts. Et hier j’étais à Aix-en-Provence, beaucoup de gens sont venus de Marseille. Par manque de chance, je n’ai jamais pu m’éterniser un peu ici, mais je tenterai la prochaine fois.

Clip de Reverie avec La Méthode et Dj Djel, artistes marseillais :

 

Vous faites votre musique de façon indépendante, vous venez de Los Angeles où justement, la scène indépendante se développe énormément. Pouvez-vous nous en parler ?

Je pense que beaucoup de choses sont en train de se passer un peu partout dans le monde, surtout du côté de la musique indépendante. Avec les réseaux sociaux aujourd’hui, il y a de plus en plus d’artistes indépendants qui mettent en avant leur musique. Mais au final, je ne pense pas que cela soit plus facile de percer. Tout le monde peut créer sa propre musique et la diffuser. C’est à la portée de tous. Donc il y a de plus en plus d’artistes qui font du rap. Il faut réussir à se démarquer. J’aime ça, c’est un challenge !  En revanche, l’indépendance fait que tu offres à ton public vraiment ce que tu veux et ce que tu aimes, c’est surtout ça que j’apprécie.

 

Vous avez organisé votre tournée, géré la distribution de vos albums et même créé votre marque de vêtement, vous êtes une vraie entrepreneuse ! Pouvez-vous donner quelques conseils à ceux qui se lancent ?

Je pense qu’il ne faut pas hésiter.

En plus aujourd’hui avec les réseaux sociaux, les portables, les chaînes YouTube, il y a de quoi communiquer ! Il faut être partout et diffuser. On peut facilement passer les frontières. Plus vous publiez, plus vous atteignez de gens, il faut tenter ! Par exemple, il suffit de publier quelque chose avec le hashtag « São Paulo » et toutes les personnes de São Paulo peuvent voir ta publication, c’est vraiment cool!

Lien vers le site de sa marque : https://reverielove.myshopify.com/ 

 

Mais d’un point de vue administratif, organisationnel et légal, se lancer dans l’entrepreneuriat, est-ce vraiment simple ?

Je pense qu’on ne doit pas se soucier de tout ça. Quand on débute, les rentrées d’argent ne sont pas importantes. Si on fait au max 10000 dollars dans l’année, personne ne va nous embêter avec ça. Il n’y a pas forcément besoin d’enregistrer sa société, de se préoccuper du copyright. Ce ne sont pas des sommes importantes pour le gouvernement. Tes 2000 euros par an n’ont pas beaucoup d’impact. J’ai créé ma marque et mes activités pour vivre, pas pour gagner des sommes astronomiques.  C’est mon avis personnel sur le sujet. Mais je connais beaucoup de personnes qui ont monté des entreprises à succès et on constatait la même chose : au début, il ne faut pas se soucier de tout ça. Le plus important est d’être motivé et passionné. Par exemple avec ma marque de vêtements, je crée 20 t-shirts, pas des centaines, seulement 20. Si c’est vendu, tu recommences. Il faut commencer petit. Je pense que le problème avec les gens qui veulent mettre en place leur projet personnel, c’est qu’ils se projettent trop loin, bien trop loin. Je pense qu’il est préférable de démarrer petit et de construire peu à peu sa marque. De cette manière, on peut démarrer vite. Mais il ne faut pas sauter d’étape. C’est ma façon de faire.

Oui, c’est ma façon de faire, mais finalement, le plus important est de croire en son projet. Il y aura toujours de gens qui nous diront « Non, impossible ! », mais il faut y croire ! Il faut apprendre quelles sont les règles, mais il faut apprendre à jouer avec : tester le possible. Tu travailles pour toi, tu dois être aventureux.

Vous travaillez avec votre frère Louden, non ?

Oui, mais je travaille avec différents producteurs, pas uniquement mon frère. Mon frère a produit beaucoup sur mes albums. Il enregistre presque tous mes sons.

 

Et des fois, est-ce compliqué de travailler en famille ?

Oui… (rires), c’est sûr que des fois, travailler en famille, c’est compliqué.  Je ne veux pas franchement parler de nos problèmes personnels. C’est dur de travailler avec lui, mais c’est aussi quelque chose de vraiment vraiment beau ! J’aime mon frère parce que c’est mon frère. On travaille beaucoup ensemble, mais on fait aussi beaucoup de choses chacun de notre côté. Maintenant, mon frère travaille pour des films, il faut aussi des morceaux pour des jeux vidéo, des dessins animés, etc. Cela bouge beaucoup de son côté aussi. Il commence à gagner pas mal de sous avec ça, c’est vraiment cool. Mais c’est vrai que souvent, on fait notre art ensemble.

 

Pouvez-vous nous parler de votre dernier album, de sa singularité face à vos précédents projets ? Et pouvez-vous également choisir un son qui est important pour vous et nous raconter son histoire ?

Mon dernier album « Satori », c’est mon frère qui l’a produit, et je l’ai coproduit. C’était vraiment cool. Je suis vraiment fière de cet album. Mes autres titres, je les aime encore beaucoup, mais, ceux-là c’est différent ! Quand j’ai sorti le précédent album, j’avais déjà enregistré les chansons depuis longtemps. Personne ne savait que c’était de vieux morceaux. Mais au final, cela ne me représentait plus vraiment, j’étais passée à autre chose. Avec ce dernier album, et depuis ces trois dernières années, j’ai été propulsée. C’est grâce à mes réseaux sociaux. C’est franchement « Fucking Crazy » ces derniers temps (rires). Il y a des gens qui me suivent partout : Twitter, YouTube, Instagram, c’est vraiment impressionnant!

Je pense que ma chanson favorite sur cet album « Satori » doit être « Swoop », j’adore le Beat! Oui je pense que c’est vraiment dû au beat! Quand je l’ai entendu pour la première fois, ce « tin tin, tin tin..” (elle chantonne), j’ai tout de suite souri, je me suis dit « Damn, ce sont est dingue »!

J’écris toujours après avoir entendu l’instru. J’ai tenté l’inverse, d’écrire les lyrics avant d’entendre l’instru, mais ça ne marche pas pour moi. Je n’écris pas comme ça. Là j’ai entendu le beat, ça sonnait parfaitement bien, c’est venu tout seul.


 

Avez-vous des projets pour la suite ?

Actuellement je viens juste d’écrire le single qui s’appelle « Black Hearts », j’ai fait le clip qui est maintenant disponible sur YouTube.

 

 

Je vais aussi tourner de prochains clips qui seront disponibles dans quelques mois.  Il y a des clips qui proviendront de mon album « Satori », mais il y aura aussi de nouveaux singles, des exclusivités. J’ai codirigé toutes ces vidéos. J’adore faire ça moi-même. J’adore diriger tous mes projets. Tout ce que je fais, je le codirige. C’est cool ! J’aime travailler en équipe. Avant je travaillais avec différentes personnes pour mes clips, ceux qui voulaient bien travailler avec moi. Aujourd’hui je commence à avoir un style défini que l’on retrouve sur chaque vidéo parce que maintenant je peux payer des personnes pour travailler avec moi, j’ai mes propres vidéastes, je peux vraiment styliser mes clips, créer une image qui m’est propre. Et je suis très perfectionniste (rires), je demande toujours à changer beaucoup de choses jusqu’à ce que cela soit parfait ! Voilà, pour résumer : plusieurs singles sont à venir et l’année prochaine il y aura un prochain album. J’ai déjà vingt morceaux, je vais les enregistrer et garder mes préférés.  D’habitude, tout doit aller vite, je n’aime pas ça, travailler dans le rush… non cette fois j’ai vraiment le temps, je vais le prendre et faire des choses très propres ! Ce sera un beau projet !

Merci à Reverie et à l’équipe du NewCastle de nous avoir permis de réaliser cette interview.

 

 

CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :

Léa Sapolin
Rédactrice en chef adjointe et webmaster du Magazine.
Passionnée de HipHop français et de musique à textes, en charge de la partie rap du magazine depuis mes 11ans.
Chargée de communication à mon compte et chef de projet Web à Oxatis.
Projet perso en cours : www.omega-13.fr

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