Les nuances sonores en mouvance. La musique instrumentale de Chapelier Fou raconte à sa manière des histoires. Elle est, bien qu’inscrite dans un style où la répétition est de mise,  construite sur une dynamique évolutive donnant corps à l’imaginaire. Ainsi « Philemon », le premier titre, peut-être le moins varié aussi, est-il lié au suivant, « Oracle », qui imprègne et entraîne d’emblée l’auditeur sur un territoire mystérieux mais très avenant. Une envie de découvrir un nouveau et inédit paysage. La clarinette complémente l’univers synthétique d’une présence chaleureuse et humaine. On poursuit l’écoute comme on voyagerait dans un pays merveilleux. Sur « Artifices », des cordes s’ajoutent pour envelopper de douceur une ambiance, avant qu’une boite à rythme ne donne un autre tempo, très dansant. Le monde de Chapelier Fou est vivant, joyeux, sautillant, transmet d’heureuses vibrations. Le pizzicato de « Stiiiches » et sa clarinette (ou saxo) basse élancent une électronique parcourue de ces notes stylées piano en arpèges signature (on retrouve ce type de riff sur quasiment tous les morceaux), impliquant une légéreté proche d’un état de gravité. C’est franchement très beau. Les cordes de « Antivalse » sont carrément sublimes. Le développement musical des titres est très particulier et complètement lié à l’esprit de son créateur qui offre des couleurs n’appartenant qu’à lui, devenant alors repérable à mille lieues – cela dit dans le bon sens du terme. Quand arrive « Guillotine », le ton devient plus sombre et cela parait tout à fait normal rapport au titre. Et retour au positif avec « Temps Utile », ses murmures en fond et tous ces petits éléments mélodiques ou rythmiques parsemés comme des bulles harmonieuses qui éclatent en offrant leurs savoureux parfums. Une musique électroacoustique grouillante de vie, ouvrant la porte de tous les fantasmes, comme avec la jolie fin de « Les Octaves Brisées » et le départ intuitif de « Cavalcade ». Il y a un son Chapelier Fou, c’est indéniable, ce qui n’était pas évident à mettre en œuvre pour une musique instrumentale. Pourtant, c’est hyper réussi. Ce son est un monde à part entière. Un univers de RêveS.

 

 

CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :

Marc Sapolin
De l’organisation de concerts aux interviews d’artistes il n’y avait qu’un pas. Plus de vingt-cinq ans de rencontres avec les artistes et toujours la passion de la découverte.

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