« Ne me touche pas, un oiseau m’a pris sous son aile… Je suis là, emmuré de joie, et déjà l’orage m’appelle… J’ai appris des autres, à me taire ». Ainsi parle « L’Homme Sans Voix », avec ces images imprégnées d’une nature riche, malgré son aridité, et sauvage. Des évocations inhabituelles que magnifie une musique associant des textures country-folk aux sonorités résistantes de guitares vêtues de rock. L’album a à priori été enregistré à l’ancienne, en prises directes, ce qui confère une authenticité musicale tout en intensité partagée (« Taxi Bird »). S’en dégage un esprit apaisé quasiment contemplatif (« J’habite la maison de mes rêves… Mon fantôme y règne sortie 21 »). Le grain vocal, à lui seul, donne envie de suivre le chanteur sur le chemin qu’il découvre sur ses accords singuliers. On pense parfois à Calexico pour ces ambiances heureuses, spontanées où la réverbération des guitares allège et exalte les atmosphères (« Les Carillons De L’Automne »). « Chien De Paille » est une valse faussement désuète sur laquelle la mélodie chantée se permet des mots intimes avant d’enchainer avec « Le Jeu Des Contraires », ballade en duo masculin-féminin qui laisse la musique s’exciter paradoxalement sur la coda, effet somme toute logique. « Pourquoi l’homme fort, si je suis fou. Je voudrais être à vous ». Le disque avance de plus en plus sentimental. Ici, c’est le chœur tout en douceur qui provoque le charme. Puis « Reviens » termine en murmure, énumérant toutes les manières dont le chanteur aimerait qu’elle revienne, juste sur un arpège rapide de guitare acoustique. Sammy Decoster impose avec cet album une folle envie de quitter la ville et de prendre le temps de respirer et de s’écouter. Naturellement.
copyright photos : Samuel LEBON
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