Introduction spartiate avec les quelques notes coulées de guitare sur « préliminaires » et son annonce à jamais, suivie du romantique « H.E.L.P. » co-écrit avec Lux For The Monster, chroniqué sur nos pages à l’occasion de la sortie du single. L’écrivain-musicien trématisé impose dès cette entrée en matière son art de l’approche instinctive d’un vingt et unième siècle dérouté et paradoxal. Les mots des romans, la musique des enregistrements, le croisement des deux, que l’on peut retrouver sur « Un Peu Mentir », avec un extrait de « Plus Bisensuel Que Sexuel », lu par Emmanuelle « Manu » Monet, ou « L’Echo D’Un Lien Enfui » avec des mots de « Les Amours Anormales » (voir chronique du roman dans nos pages), lus par Buzy, offrent une vision précise des errements sentimentaux engendrés par une société perturbée, cherchant dans une forme de décadence des réponses à des questions dont l’intériorisation entretient les fortes blessures. « C’Est Rien », le sublime duo avec Buzy, et sa voix chargée de vie, creuse encore plus profond le sillon de ces appréhensions corrosives. Le répertoire se décline en perceptives et particulières émotions, dont le point d’orgue est cet enchaînement : « XX/XY » avec « Dans Longtemps », puis « L’Echo D’Un Lien Enfui » en final symbolique. Le parcours est intime, la ballade est portée par l’instinct, riche de ses douceurs et de ses colères, que colorise avec subtilité une musique ancrée dans une recherche de sonorités et de tempos, enrobant les sentiments d’un écrin intensifiant l’intention. On pense parfois à Indochine, mais dans une version tout autre quant au traitement des mots. Ou alors s’impose une saturation minimale donnant au piano une accroche râpeuse tenant en suspension la trame sentimentale circonscrite (« Promets-Moi »), avec des liaisons mélodiques comme des ponts entre certaines chansons, ici avec « Au Bout Pas Au Bout », le sensuel duo avec Manu. Ces tensions-détensions entre humains aimants, dont les amours détachées tremblent entre hésitation et liberté perfectible, cherchent à ouvrir de nouvelles portes, moins fragiles, enrichies de pardon. Cesser de subir sans rester muet, proposer, avancer, exister, vivre. Toutes ces petites choses qui grouillent en finesse au travers de ce disque qu’il faut apprivoiser en douceur. Cela se fait sans aucune difficulté, d’autant que Noël a été capable de « chasser des perroquets lourds comme des tanks » tout en gardant « intact milles choses émues ». L’art et la manière que condamne la nostalgie de sentiments primeurs forts que l’artiste refuse de perdre, mettant tout en œuvre pour dépasser tous les aléas contradictoires qui se sont dressés au fil de la vie depuis. C’est aussi pourquoi ce chant, aux limites du murmure, joue l’adéquation parfaite lorsqu’il est question de convaincre que rien ne vaut la haine et l’oubli, que ce qui a été puissant ne disparait jamais. Que cela ne tient qu’à nous : « L’Echo Des Liens Enfuis »/ « Tu ne vaux pas moins que rien ».

CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :

Marc Sapolin
De l’organisation de concerts aux interviews d’artistes il n’y avait qu’un pas. Plus de vingt-cinq ans de rencontres avec les artistes et toujours la passion de la découverte.

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