Une grande sérénité se dégage de cet album. Dès que l’on y entre. Le même effet produit à l’écoute du « Gold In The Shadow » de William Fitzsimmons. Un espace continu offert à une rêverie sans heurt. Une apparence qui n’empêche nullement la profondeur de propos inscrite en chacune des onze chansons qui constituent cet opus. Justin Nokuza a connu le succès très jeune, avant ses vingt ans. Mais sa personnalité, très axée sur une démarche artistique qualitative, l’a incité à prendre le risque du recul, afin de se ressourcer et développer un projet dont il saura rester fier, partant de l’idée que la musique présentée sur scène va l’accompagner pendant plusieurs années. Justin Nozuka voulait un son particulier, qui reste proche de la nature et dispense en même temps une énergie organique. Admiratif de Ben Howard et du son de ses albums, c’est vers son producteur, Chris Bond, qu’il se tourne, pour un résultat très probant dès le premier essai (les trois titres de « High Tide »). Ainsi « Run To Waters » présente un contenu d’une très belle unité. Chaque chanson ciselée, admirablement arrangée, presque avec discrétion, découvre en fait une multitude de détails formalisant de luxueux déploiements musicaux. Un travail subtil entre la tonalité vocale, le sens mélodique du chant et le jeu en complémentarité des instruments, tant dans le rythme que dans la création des ambiances, toujours en harmonie.  L’album présente une fort belle unité sonore, relativement lisse, mais absolument justifiée, comme l’eau pure d’une source avant qu’elle ne rencontre d’autres effluents, sur des territoires plus urbanisés. Cette impression permanente d’être en pleine nature, ne serait-ce qu’avec le chant des oiseaux bien présents (« Hourglass »), ou cette comparaison possible avec Jack Johnson lorsque l’on entend les premières notes de « All I Need » et son côté cool et spontané, enracine Justin Nozuka comme un artiste ambassadeur de vibrations positives. Il n’y a qu’à entendre comment son chant se distingue, sur des rythmes marqués mais très en fond (« Bayou ») ou sur des nappes synthétiques atmosphériques (« Laury »), pour entendre cette disponibilité et qualité d’écoute. Ici, il s’agit d’une osmose artistique, entre musique et nature, entre l’homme, l’humain, son corps, et les éléments qui l’entourent.

CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :

Marc Sapolin
De l’organisation de concerts aux interviews d’artistes il n’y avait qu’un pas. Plus de vingt-cinq ans de rencontres avec les artistes et toujours la passion de la découverte.

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