Catégorie inclassable ? Il n’y a qu’à se mettre à fond dans les oreilles les premières minutes de ce disque pour comprendre. Chant grégorien ? Inspiration de chants traditionnels d’un pays méditerranéen ? Batterie échappée d’un délire post-progressif ? Pour le coup, le terme détonnant trouve ici la démesure qui lui convient. Si l’inspiration est libre, il s’en dégage une énergie dont l’ordonnance relève du militaire (« Fading Casino ») dont la parade rythmée par une caisse claire très roulée accompagne un genre de berceuse complètement déroutée par une guitare affirmant un solo dérapant, contemporain à souhait, pour finalement se fondre dans des langueurs synthétiques avant de s’éteindre vite pour laisser place à un « Cockfight » appuyant très concrètement sur l’aspect bagarreur. Ces morceaux sont d’une durée généralement inférieure à trois minutes, mais relevant d’une telle intensité qu’il semble tout à fait inutile d’appuyer sur le clou de répétitions sans intérêt. Par contre, lorsqu’il s’agit de « Medecine », dont la base mélodique est apparemment un chant indien, le développement se fait sur le double de temps. Yonatan Gat a fait ses premières armes en Israël avec Monotonix qui a fini par être interdit de concert dans son pays suite à leurs prestations sans concessions. Il est aujourd’hui installé à New-York en tant que guitariste, producteur et compositeur. Ce deuxième album  persiste et signe cette incroyable capacité à fusionner les genres musicaux, mais plus parlant encore, à réaliser cette fusion en la basant sur des styles propres à l’ensemble des cultures du monde, loin de toute frontière. On entend dans le répertoire de Yonatan Gat aussi bien du gamelan balinais que du chant traditionnel de Majorque,  du trallaero vocal italien, des musiques du Moyen-Orient, du pow-wow…  avec, en terme de liant, cette sonorité hyper réverbérée d’une guitare revendiquant des amours psychobilly, mais aussi bien capable de s’aventurer sur des terrains spacieux proches de ceux de Ry Cooder que sur ceux d’un punk-new-wave virevoltant comme celui de The B-52’s. « Universalists » propose un voyage en terre utopique, celle d’un pays où l’osmose culturelle ferait loi, exprimant, tour à tour ou simultanément, l’arc-en-ciel infini des émotions humaines, de la douceur à la joie, en passant par la colère, les certitudes et les doutes, avec en permanence l’espoir en ligne de mire. Ce que synthétise admirablement le titre « Chronology », dont la violence finale reçoit en écho les appels rêveurs de « The Imaginary » en clôture d’album.

CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :

Marc Sapolin
De l’organisation de concerts aux interviews d’artistes il n’y avait qu’un pas. Plus de vingt-cinq ans de rencontres avec les artistes et toujours la passion de la découverte.

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