Une démarche avant tout. Jean-Phi Vergneau s’est rangé des voitures depuis belle lurette. Sa remarquable aventure électrique, celle des « Rebelles ont des ailes », a refermé – du moins pour l’instant – une parenthèse, celle d’un univers où la musique se nourrit d’ambitions spacio-commerciales, sans lien réel avec la créativité, point fort de beaucoup d’artistes au cœur pur. Accompagné de Jean-Louis Cortès au piano, il a troqué sa jolie guitare Gretsch électrique pour une très belle Gibson acoustique. Et le plus souvent, c’est dans cette formule duo qu’il a décidé de reprendre le chemin du plaisir, s’éloignant des contraintes empruntes de concessions. Il préférera volontiers se produire en petit comité, même à domicile chez des particuliers, plutôt que de perdre son temps à tambouriner inutilement aux portes des lieux de spectacles de plus en plus frileux, mais aussi de plus en plus démunis financièrement parlant. Ceci étant dit, Jean-Phi n’a jamais perdu le sens de la scène, lieu privilégié de l’échange, de la poésie, auquel il ajoute une dimension objectivement très humaine, ne serait-ce que par la proximité imposée. C’est pourquoi, en baroudeur averti, il décide que le parcours sera désormais placé sous le signe de ces plaisirs énoncés, reprenant d’anciens titres aux côtés des nouvelles chansons. Un artiste dans l’âme peut rester discret, secret, peu importe ce qu’il lui en coutera. Mais lorsqu’il adopte la sortie de tanière, du moment qu’il s’agit d’un choix, plus rien ne l’arrêtera, et c’est tant mieux. De cette voix grave, croonant à la Johnny Cash ses ballades expérimentées, l’homme peut s’enorgueillir d’être resté fidèle à lui-même. Lui-même, c’est celui qui, malgré cette profondeur vocale, adoucit parfois ses inflexions verbales pour imprimer à ses chansons des relents de tendresse (« Ange Déchu »). Le minimalisme musical donne une enveloppe que l’on ressent comme le ressac des vagues qu’imposent les marées. Jean-Louis Cortès se lâche et embellit de mille notes d’ébène et d’ivoire la poésie de Jean Philippe. Celui qui a longtemps évoqué Alain Bashung par son art et sa manière (« ça Comme  », « Les Rebelles Ont Des Ailes »), devient, telle une chrysalide, le singulier Jean-Phi Vergneau, assumant pleinement une personnalité attachante et captivante, d’une sincérité indestructible. Alors, lorsqu’il arrive que Marcel Aubé rejoigne le duo, avec son violon chinois (« Du Silence »), c’est encore une nouvelle dimension poétique qui offre à l’auditeur un message de bienveillance et d’enthousiasme. Ainsi savent vivre certains hommes. Ainsi ces certains-là ont-ils réussi à passer le cap d’un vingt et unième siècle envahit par l’individualisme et la déshumanisation. Ces aventuriers du cœur représentent une forme d’oxygène, un appel d’air nécessaire à toute respiration. Cela s’appelle l’espoir.

Du Silence (Extrait du concert enregistré les 25 et 26 novembre 2017 – Espace Bouin Maréchal – Brissac 49)« Du silence arrivent les mots qui viennent à manquer… J’aimerais écrire la plus belle des chansons d’amour… »Jean-Phi Vergneau compose un morceau tendre et sensible avec des mots qui touchent l’âme et le cœur portés par une musique somptueusement délicate @bn – Avec Jean-Louis Cortès (piano), Marcel Aubé (violon chinois)

Publiée par Jean Phi Vergneau sur Dimanche 21 janvier 2018

 

CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :

Marc Sapolin
De l’organisation de concerts aux interviews d’artistes il n’y avait qu’un pas. Plus de vingt-cinq ans de rencontres avec les artistes et toujours la passion de la découverte.

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