La magie de la musique opère. Comment le leader de Wilco, sur ce nouvel album solo, fait-il pour parvenir à un tel degré d’impactitude ? Il confie s’être longtemps posé la question  du rôle de l’art, du sens de la démarche artistique. La réponse qu’il propose aujourd’hui va plus loin que la simple attribution d’un pouvoir thérapeutique. Pour lui, l’artiste est missionné pour créer, à travers un voyage entre l’espace et le temps, des moyens de consolation, plutôt que de proposer une cure ou une ordonnance. Ainsi il se considère comme un poète américain de la consolation. Et cela n’est pas exprimé sous l’angle d’une quelconque prétention. Il suffit d’écouter l’album, de se laisser porter par chacune des chansons le constituant pour comprendre, ne serait-ce que par la chant, cette voix profonde, grave, légèrement éraillée, mais ô combien sincère et poignante, naturelle et non dramatisée, pour se rendre compte de l’authenticité de la réflexion et mise en œuvre du projet. Le son, le plus souvent acoustique, repose sur une guitare dominante, qui aurait pu suffire (« How Hard Is It For A Desert To Die ». Mais le charme de la musique de Jeff Tweedy tient dans le sens d’une complétude instrumentale entendue comme un travail d’orfèvre. La pedal-steel par exemple, qui, si elle associe obligeamment la country-music (« Don’t Forget »), s’en écarte cependant par une nonchalance qui tiendrait plus de la pop-music. Pareil pour les sons de guitare électrique parsemés de-ci de-là, les incursions en double-notes sur « Some Birds », les zigouillis sur « Far From Away », les grincés frottements de « How Will I Find You ». Ou encore le solo spacieux de « Having Been Is No Way To Be » et le banjo qui galope derrière « The Red Brick », deux titres qui font appel à un peu plus de saturation. Sans être à fond dans la compréhension des textes, il semblerait que Jeff Tweedy fasse ici un bel exercice philosophique, sans pour autant croire à un paradis (« Warm (When The Sun Has Died) », puisque « comment être heureux dans un monde comme celui-ci ? Pourtant, si l’on pense à la mort, étant dans l’impossibilité de connaître son heure et son endroit, ne vaut-il finalement pas mieux malgré tout tenter d’être heureux maintenant ? » C’est un sentiment profond et positif que transmet l’écoute de l’album. « Let’s Go Rain Again » et son entrain valident cette belle idée du pouvoir d’une amitié orale dynamisante. Cette chaleur en nous qui incite à aller de l’avant.

CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :

Marc Sapolin
De l’organisation de concerts aux interviews d’artistes il n’y avait qu’un pas. Plus de vingt-cinq ans de rencontres avec les artistes et toujours la passion de la découverte.

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