Si Keith Richards est cité en quatrième de couverture, positionnant ce roman comme un sommet de la littérature, ajoutant que Nick Toshes connaît le diable comme personne, c’est qu’il y a connivence. Toshes et Richards sont amis. L’auteur appartient quoiqu’il en soit au monde du rock (la biographie de Jerry Lee Lewis figure parmi ses œuvres essentielles). Et Keith fait partie des personnages apparaissant dans le roman où il pourra témoigner de ses expériences de vie. La vie qui serait le sujet principal du livre. Un écrivain vieillissant qui découvre un moyen, à travers un penchant relativement pervers lié à une forme de sexualité vampirique – bien que le mot ne soit absolument jamais prononcé – de retrouver une forme de puissance et de jeunesse en buvant le sang des jeunes filles. Mais rien en lien avec tout ce que l’on peut voir au cinéma ou lire dans les romans spécialisés sur le sujet. Nick Toshes parle à la première personne et ceux qui le rencontrent l’appellent bel et bien par son prénom. De fait, toute empathie avec l’évolution de la santé de l’auteur aurait dû s’imposer, sauf qu’avec Toshes, le dépassement des bornes du raisonnable est un passage obligé. Personnage hors du commun, de la famille des artistes, de ceux qui recherchent d’autres voies, le sens de la vie est dans l’expérience. L’érudition  de l’auteur lui permet d’ouvrir des pistes vers une compréhension qu’il va chercher à exprimer avec ses mots, ses images et ses références, souvent puisées dans la mythologie. Recherches qu’il confronte à celles des médecins et chercheurs d’aujourd’hui tout en constatant qu’il reste un être à part. New-York est ici un personnage important de cette histoire, les points de repères précis de Nick Toshes. Des lieux, des connaissances, des habitudes, sur lesquels il s’appuie pour maintenir un cap, alors qu’un étrange sentiment se partage entre l’impression d’entrer dans la peau du serial-killer qui s’ignore encore un peu, en même temps que l’on découvre que rien de tout cela n’est tout à fait véridique. Finalement, il en ressort une approche plus humaine, comme si tous les éléments n’avaient été que prétextes à confondre une identité obscure et troublée dont le parcours initiatique trouve sens en l’acceptation du passage vers un âge où les jalons s’enrichissent de stigmates posant d’indélébiles et contrariantes marques, cicatrices inévitables du temps et de l’expérience.

CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :

Marc Sapolin
De l’organisation de concerts aux interviews d’artistes il n’y avait qu’un pas. Plus de vingt-cinq ans de rencontres avec les artistes et toujours la passion de la découverte.

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