Habitué à l’entendre en solo, version acoustique, une douze cordes entre les mains, BjØrn Berge est ce géant venu du froid, là-haut dans le grand nord norvégien. Un viking impétueux, à la voix profondément sauvage et aussi maîtrisée que son jeu de guitare, qui peut paraître brutal, mais ô combien empreint de finesses et subtilités. L’ours au cœur tendre s’exprimera sur ce disque avec une jolie ballade au titre adéquat, « Bitter Sweet », introduite avec un arpège à la sensualité doublée de chœurs féminins du plus bel effet, chanson emplie d’émotion et de virtuosité sensitive. Sa Telecaster a ce grain crunchy avisé et séducteur, rompu à l’exercice d’un blues net et délicat. « It Just Ain’t So », le titre qui précède sur l’album, établit le lien avec cette caractéristique de précision dans le jeu hyper concis du guitariste. Aucune réelle comparaison avec Eric Clapton, si ce n’est ce contrôle parfait et complet d’un guitariste-chanteur qui assure gimmicks, envolées, solos, rythmiques et chant avec une aisance déconcertante. Et, lorsque le tempo se fait plus incisif (« Speed Of Light »), on retrouve l’énergumène qui transformait sa douze cordes en arme musicale batailleuse – comme il savait le faire avec sa reprise du célèbre « Hush » par exemple. Les neuf titres contenus dans ce « Who Else ? » (sinon lui), ont été enregistrés avec un bassiste, trois batteurs et une choriste qui ajoute ce complément de sensualité féminine aux compositions du fabuleux bluesman. Sachant que cet album était à l’origine prévu en acoustique et que les plans de BjØrn ont changé après avoir tourné plus de deux ans avec le groupe Vamp, force est de constater que l’énergie, toujours aussi présente, scintille finalement de toute part avec ce complément rythmique, quelque soit la nervosité du titre. « Ginger Brandy Wine » impétueux à souhait, « The Calling » et ses accroches guitaristiques, son refrain emporté, « Lost Pearl » et son gimmick à la « Purple Haze » que n’aurait pas renié Jimi Hendrix, « Mr. Bones » en slow-blues graveleux et ses parties de bottleneck profondes, « Monkey Ship » en introduction qui enfile toutes les perles du genre B. Berge. Impressionnant. Le blues qui se renouvelle à son top. Bravo BjØrn.

CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :

Marc Sapolin
De l’organisation de concerts aux interviews d’artistes il n’y avait qu’un pas. Plus de vingt-cinq ans de rencontres avec les artistes et toujours la passion de la découverte.

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