Il y a eu de l’amour, de la solidarité, de l’émotion, de la musique et des moments historiques.

Le troisième volet de la trilogie d’événements faisant suite aux effondrements de la rue d’Aubagne a eu lieu samedi 9 février au Dock des Suds. Conçu par et pour les habitants de Noailles, la programmation d’une journée entière a su séduire petits et grands.

L’après-midi : débats, projections et ateliers se sont enchainés dans les 5 000 m² de ce lieu emblématique. Puis, avec un retard usuel à Marseille, le concert final a démarré. Le cabaret, avec sa capacité de 900 personnes, était plein, la Plaza, et ses 600 places aussi, le public impatient, les artistes volontaires.

Plus de 100 artistes se sont enchaînés, pour offrir 8h de concert. Faf Larage, K.Méléon & Kanaye2Mars ont endossé le rôle de speaker.

C’est en chansons qu’Alain Renard a ouvert le bal. Succédé par Nadia Ammour, et Siêm Folknomade, ces trois artistes ont su charmer le public avec la singularité de leur voix. Nadia nous a transmis les chants kabyles hérités de sa grand-mère qui les murmurait pendant la guerre. Le public a frémi.

BR la Plume prit le relais. Ce fut le premier rappeur à entrer en scène, accompagné par Joya au chant. Avec un timbre de voix proche de celui de Shurik’n, il nous a transmis sa poésie scandée aux allures de slam.

El K.I.D. a pris la suite en proposant un mini set trap, chauffant ainsi les moins de 30 ans présents dans la salle. Tout ce début de concert, Pakdjeen, DJ de The Crush, s’est chargé des platines.

Vient ensuite l’heure du changement de plateau. Pas de répit pour le public, les humoristes Laurent Febvay & Anthony Joubert se sont accaparé le micro pendant les interstices de la soirée.

Ensuite la nouvelle et l’ancienne génération de rappeurs marseillais se sont côtoyées. Fidèle a son habitude, RPZ a tenté un couplet, puis a fini par présenter le jeune Makiavel, artiste prometteur.

Le rap marseillais a continué d’envahir la scène. Se sont enchaînés : Le groupe La preuve orienté boom bap, Rager, plus vrai que mature et son côté latino, TK & Mena dans une vibe dansante et vocodée, l’Amir’al et ses textes riches en rimes et figures de style, Carlito Brigante son fidèle acolyte, Costello qui sort un album très bientôt & Aïdan qui a sorti le sien il y a peu.

Au cours de la soirée, Rose & Myriam de Noailles ont lu une lettre pour extérioriser leurs émotions, leurs ressentis. Le public, touché, a écouté ces mots d’enfants racontant le drame.

Puis le concert a repris. Et, en parallèle, deux dessinateurs, Malika Moine & Benoit Guillaume, illustraient sur grand écran les allers-venues des artistes.

Les femmes marseillaises étaient aussi de la partie, avec notamment Sise Ici, femcee hautement originale impliquée dans les événements, au point d’en avoir créé un titre exclusif née de son émotion poste « marche de la colère ». Tressym était aussi présente, tant dans l’après-midi lors des ateliers que lors de ce concert, apportant son beatbox, discipline dans laquelle elle excelle. Sao Ti  a également fait son apparition & la jeune Emma, gagnante de The Voice Kid, était présente lors des balances, mais n’a pu jouer face au public compte tenu de l’heure.

Puis, ce fut au tour de Puissance Nord de prendre le relais. Ce groupe mythique, synonyme d’Âge d’Or du HipHop marseillais, a pris d’assaut la scène, faisant jumper le public sur des classiques qu’on a prit plaisir à réentendre.

Comme Sébastien Damiani était à la coordination technique et musicale du projet, secondé par Faf Larage, il a allié musiciens et rappeurs. Ainsi un vrai Live Band a vu le jour. Claude Sarragossa était aux Drums, Pascal Blanc à la basse, John Massa au Saxophone, Cyril Benhamou au synthé et à la flute, Sébastien Damiani au piano, & Fred, alias Labo Klandestino, à la guitare. Ce live band a permis aux artistes présents d’interpréter de manière unique une ou deux des chansons de leur répertoire.

C’est en amont du concert que les artistes devaient choisir entre schémas HipHop classic, Mc/DJ, ou y ajouter le LiveBand. 90% des artistes ont été séduits par la proposition. En a résulté deux jours de répétition pour les musiciens (à la Friche, notamment, qui a gracieusement prêté ses locaux) et 3h de lives le jour J. Verdict : on s’est régalé grâce aux morceaux transformés et embellis.

Et puisque les tristes événements du 5 novembre ont suscité l’engagement d’artistes externes au pourtour de la cité phocéenne, des rappeurs de Paris et du Nord se sont joints à la dynamique. Ce fut le cas d’Ismaël Metis, de Saknes, Jidma et Dj Venum, Viez & Nizi,ainsi que le groupe précurseur et hyper actif du milieu : la Scred Connexion, accompagnée par la jeune et impressionnante Fanny Polly.

Après une réapparition de Tressym posant ses compositions sonores sur la musique du live band, ce fut le tour des rappeurs du sud de venir se défendre au mic. Krimo & Meda ont d’ailleurs été les premiers artistes à rapper accompagné par le live band, puis Kacem Wapalek et ses multiples jeux de mots, Lacraps et ses textes insicifs, acompagné par Ali Polva et Nizi aux platines.

En parallèle, il ne faut pas oublier que dans « La Plaza » du Dock, des stands étaient disposés et une série de DJ (Djaby Corner, Scoobay, Réminiscence Sound, Oncle Bo, et Reggiani) ont proposé un set de 12h à 02h.

Puis, tel un feu d’artifice, les surprises ont explosé en fin de soirée. En guise de bouquet final, le Rat Luciano (ex-membre de la Fonky Family), accompagné de Daz (Dj d’IAM) a fait son apparition, nous présentant des exclusivités et signant ainsi son retour sur le devant de la scène. Cet artiste reconnu comme une des meilleures plume du rap français, a su évoluer et nous amener là où on ne l’attendait pas. On gardera un souvenir mémorable de l’a capella lâché lors de cette soirée.

Afin de ne pas redescendre de notre petit nuage, Ali, ex-membre de Lunatic, a lui aussi proposé des morceaux exclusifs, annonçant son prochain album. Il était accompagné sur scène du petit marseillais Drimi, posé sur ses épaule.

Et comme si cela ne suffisait pas, Faf Larage est arrivé de manière anodine pour nous annoncer que Pone (Beatmaker de La Fonky Family tristement atteint de la maladie de charcot) a souhaité lui aussi participer à cette aventure solidaire. Il a ainsi composé, avec ses yeux à l’aide d’un logiciel prévu à cet effet, puisque dans l’incapacité de bouger, un titre sur lequel Faf a posé ses mots. Plus qu’historique, ce moment fut magique et émotif. Faf a continué le set accompagné par la belle voix de Sylvia Olmeta pour nous proposer des morceaux dignement artistiques, dans la lignée d’Opérap.  Il faut préciser que le live band était toujours aux côtés des artistes, apportant une dimension unique à l’interprétation de ces œuvres musicales.

Alors que l’heure était plus que tardive et que la sécurité aurait du mettre un terme à sa prestation, Révolution urbaine & MaClick ont eux aussi fait leur apparition.

Le concert a alors pris fin. Chacun est reparti les yeux brillants à une heure avancée de la nuit. Le point fort de cet événement fut l’équipe. Tout le monde est venu avec le cœur. En guise d’exemple, Le Rat Luciano a payé sa place afin d’aider financièrement les sinistrés. Ce soir-là, les frontières ont cessé d’exister, celles entre les générations tout comme celles entre les styles, la trap a côtoyé le rap qui a côtoyé la chanson, chacun est venu apporté sa touche de couleur au tableau pour concevoir une dynamique artistique unique, fidèle aux melting-pots marseillais. Les frontières entre artistes, professionnels et habitants ont également été écrasées, c’est ensemble qu’ils ont conçu cet événement de grande ampleur. Nous remercions d’ailleurs les maitres d’œuvre : Séb, Aurore, Clara, Cindy, Claire, Mélanie, Irene, Mounir, Julien, Sabrina, Seb Vengud, Pilou, Pierre, Sergueï et tant d’autres pour leur implication et leur énergie.

Aujourd’hui, le bilan de la soirée s’annonce comme une belle victoire : 17 511,87 euros récoltés, 215 bénévoles mobilisés, et 102 artistes présents !

Cet événement ne doit par ailleurs pas prendre la forme d’un point final. Afin de continuer d’aider les sinistrés, les initiatives doivent continuer. Mena proposait par exemple de faire une compilation et de mettre à disposition un studio. Les manifestations continueront également.

Découvrez le report du premier concert : Lien vers le report.
Du second :
Lien vers le report.
Et la présentation de celui-ci :
Lien.

CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :

Léa Sapolin
Rédactrice en chef adjointe et webmaster du Magazine.
Passionnée de HipHop français et de musique à textes, en charge de la partie rap du magazine depuis mes 11ans.
Chargée de communication à mon compte et chef de projet Web à Oxatis.
Projet perso en cours : www.omega-13.fr

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