Makiavel, figure montante de la scène rap marseillaise

Avant de retrouver Guizmo, a.k.a. la « Renard » sur scène, le Moulin nous propose de découvrir une figure montante du rap, le jeune Makiavel.

L’artiste se présente au public avec un premier extrait de son EP fraichement sortie sur toutes les plateformes : «Diplomatico». Du même nom que le titre du projet, le morceau est scandé face à un public attentif. Makiavel enchaîne avec «Faubourg joie», «Les Zhommes», puis «Rien à prouver».

Nous nous attendions encore une fois à un excès d’autotune sur des instrus trap. Loin de là, Makiavel apporte des textes récités calmement et posément sur des prods orientées par les différents styles que propose le HipHop aujourd’hui. La surprise est agréable.

En arrière-plan, l’ombre d’Allen Akino frôle celui du DJ. Discret, il faisait jusqu’à présent les Backs de l’artiste, assez timidement. Le morceau suivant sonne son éveil, il empoigne le micro et nous offre un duo avec Makiavel, signant ainsi les prémices du projet commun qui se dessine entre les deux artistes. C’est ensuite confirmé, ils nous informent collaborer sur un EP. Entre temps, la vibe du morceau à fait son effet: le public s’est mis à jumper et danser. RPZ & Carlito, deux figures du rap marseillais, ont surgi du public pour «puncher» l’ensemble en apportant leur énergie sur scène.

Guizmo fait face à son « Renard Gang » sur la scène du Moulin

Ce soir, les moins de 25 ans prédominent. Les plus anciens restent « perchés » aux balcons de la salle, plus calmes. Ensemble, nous patientons, Guizmo se fait attendre. Il semblerait que ce soit une habitude. L’artiste est donc peut-être légèrement marseillais dans l’âme.

Il fait enfin son entrée. «Tout doux Bang’zs» sera son premier titre. Apparition énergique et festive, il donne le ton. Salutations faites, il engage un rouleur dans la salle. Bien que plus raisonné sur ces derniers albums face à la fumette, on comprend que sur scène, l’évolution ne sera pas si marquée.

En attendant que le join se prépare, Guizmo entame le dialogue et tente d’instaurer un climat de paix «Je ne suis pas supporter de l’OM, mais croyez moi, je suis un grand supporter des Marseillais». Un parisien qui parle de l’OM ça engrène. Ici, c’est naturel. Le fil d’Ariane du show sera donc des petits « tacles » entre l’artiste et son public à ce sujet.

Trêve de discussion et, histoire de rester sur ses déboires, parlons alcool avec le titre «Pillave».

Puis, Guizmo se calme et, plus posé, interprète « Pardon », titre de son dernier album «Renard» dans lequel il s’excuse auprès de ses proches pour son comportement. Comme il le dit, «Il n’est pas pire pas mieux qu’un autre», il «en a commis des fautes», mais est victime de son environnement et semble se remettre en question. Dans ce titre, il annonce également qu’il n’est pas fier d’avoir incité les jeunes à fumer, lyrics qui tranchent profondément avec son comportement de début de concert.

Le morceau d’après est dédicacé aux femmes présentes. Personnellement non convaincue par le texte,  je n’accompagnerais pas les demoiselles chantonnant le refrain. Une foi le morceau terminé, les pics OM/PSG reprennent. Puis, l’heure est à la danse. Deux hommes et deux femmes sont sélectionnés dans le public pour montrer leurs talents de danseurs, ou plutôt de «titubeurs» puisque c’est une des thématiques privilégiées de notre artiste. 

Les jeux de jambes s’arrêtent et les scratchs prennent le relais, amenant les prochains titres: «Jamais oublié», «J’sais qu’t’as mal», «L’histoire d’un négro», « On est au calme», «Dans 10 ans».

La pause émotion verra le jour avec l’interprétation d’« Attendez-moi ». Le micro est donné au public qui connaît le texte par cœur. DRK, le DJ, est ému lui aussi. Il faut dire que le texte a du fond.

S’ensuivent les classiques «Le premier chagrin du jour», ou encore, «Je n’ai plus peur de me souvenirs», le morceau qui m’a rendue sensible au personnage de l’artiste, pour finalement me rendre accro à ses textes sensibles et prenants.

Guizmo annonce la fin du game : «Le renard est au bout du rouleau». Pourtant, il ne semble pas pressé de décoller de la scène et enchaîne les éloges à l’égard de son public, prend le temps de remercier l’ensemble des intervenants et ajoute quelques mots sur la qualité des artistes marseillais, et notamment celle de Makiavel qu’il annonce suivre depuis un petit bout de temps sur les réseaux.

Il explique aussi qu’il aime rapper, mais surtout transmettre. On comprendra donc ses longues prises de paroles pendant le concert lui valant la palme de l’artiste le plus réceptif au public. Finalement, il aura plus dialogué que rappé.

Le mot de la fin sera une promesse ambitieuse : faire disque d’or et se retrouver tous au Dôme l’année prochaine, parce que son prochain album sera une tuerie! Le public fini ensuite sur scène sur un air de Bob Marley, «Could you be loved ».

On gardera de ce concert en mémoire que Guizmo est un tout. Tout comme il nous aura demandé d’accepter l’ensemble de son répertoire, il faut accepter l’ensemble du personnage, vice et vertu inclus, il est de ceux qui s’assument et se mettent à nu.

CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :

Léa Sapolin
Rédactrice en chef adjointe et webmaster du Magazine.
Passionnée de HipHop français et de musique à textes, en charge de la partie rap du magazine depuis mes 11ans.
Chargée de communication à mon compte et chef de projet Web à Oxatis.
Projet perso en cours : www.omega-13.fr

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *