Un soir de concert, l’artiste nous met en main son projet « Simple Constat ». Quelques jours plus tard, on se plonge dans l’univers de cet album. C’est propre et carré, rien à redire. Je décide alors de lui dédier un article dans le magazine.

Étonnamment, sur la toile, rares sont les publications à son sujet. Krimo, et son acolyte Meda qui l’accompagne sur cet opus, semblent oeuvrés dans l’ombre, loin de la médiatisation. L’album se passe de main en main, et entrer dans cette société où la musique se picore plus qu’elle ne se déguste ne semble pas faire partie des envies des deux rappeurs. Ils ne seront pas sur les plateformes de streaming et les quelques changements de blazes au cours de leur parcours brouillent les pistes.

À l’inverse, on s’étonne de voir un plateau de figures charismatiques dans le projet. Sur « Simple Constat », Krimo et Meda ont réussi à réunir Lino, Furax Barbarossa, 10vers (Bastard Prod), Freeman, Jeff Le Nerf, Dj Djel, Neka, Ghost D.E.S.T., Fata, Vinz, Calbo (Ärsenik), Shaniz, ou encore EECa-Lenz.

On rejoint donc Krimo pour une interview, un soir  à National, quartier de Marseille que nous fréquentons tous les deux.

Sur Facebook vous annoncez : « Ne cherche pas à savoir qui je suis ni d’où je viens, mais suis si tu apprécies ce que je fais ». Peut-on tout de même, pour les présentations, vous demander votre parcours musical?

Je ne suis pas loquace sur le sujet et je préfère faire parler ma musique.

Je rap depuis l’âge de 17 ans, j’en ai 36 aujourd’hui. Cela fait donc 19 ans que j’écris. J’ai sorti un premier album qui s’appelle « Vision chaotique » avec mon acolyte Meda, Fata et 16art. C’était du pressage, distribué de main en main.

Ensuite j’ai fait plein de petits projets avortés. Puis, j’ai fait un album sous le nom d’ »Agent X » qui s’appelle « Classé X« . Mon premier projet solo. Celui-là c’est pareil il s’est diffusé de main en main. J’aime bien faire presser les Cds. J’en ai mis sur différentes plateformes. C’était au temps de Zimbalam. Le digital était beaucoup plus facile.

Ensuite j’ai sorti l’EP « Extra pur » avec mon collègue Meda. Lui on l’a mis uniquement sur Youtube. C’était 6-7 titres.

J’ai enchainé avec un album qui s’appelle « Vis ta vie » distribué par Addictive Music. Cet album était dans plusieurs Fnac.

Il y a eu aussi une mixtape de 13 titres disponible gratuitement sur Youtube. J’ai par contre supprimé quelques titres qui avaient peu de retours.

Le dernier projet c’est « Simple constat » avec mon collègue Meda.

Avec Meda, vous ne formez pas de groupe, pourtant les projets collectifs sont nombreux!

À l’époque on avait un groupe qui s’appelait « La Chicha » avec mon pote Fata et 16art. La vie fait que chacun prend son chemin. Meda et moi sommes restés connectés. Il a aussi sorti des projets de son côté, mais même dans nos projets respectifs on fait des feats. Quand l’envie nous prend, on fait un projet commun.

L’écriture à deux ça s’organise. Comment vous y prenez-vous ?

Avec Meda nous sommes connectés, que ce soit en ligne sur la PlayStation le soir ou dans la vie (rires). On peut parler de tout et de rien et certaines fois on a des idées. Tous les jours on est au téléphone et même ma femme en est jalouse (rires).. On parle de tout et de rien et les choix viennent naturellement. Cela se fait aussi en fonction du choix des prods, ce choix est très important. Certaines fois nous avons des thèmes en tête et nous attendons la prod qui va avec pour pouvoir développer, mais souvent cela part de la prod.

Pourriez-vous nous parler du premier morceau qui a été écrit pour ce projet ? Comment est-il née?

(temps de réflexion)

C’est « Ce serait te mentir« . En fait on avait écouté plein de prods. Généralement d’ailleurs on aime travailler avec le même producteur, Lyrical Records. Il travaille avec un groupe qui s’appelle Rootscore. C’est eux qui nous ont fait toutes les prods, sauf une. « Chant des mals aimés » a été faite par Ovaground qui est un ami de longue date. Il fait des prods pour Vald, Fianso, etc. J’ai choisi celles qui me plaisaient et il a fait pareil. Chacun de notre côté on réfléchissait à des thèmes et on commençait à développer. Celle que j’ai choisie c’est l’intro. C’est la première que j’ai écrite.

Tout a été enregistré en Suisse, à Genève, chez Rootscore justement. Ils ont fait un collectif qui s’appelle Inglourious BastardZ avec Jeff le Nerf, Furax, etc. Ils sont super actifs.

Comment avez-vous imaginé les featurings sur l’album ? C’est la thématique qui amène l’envie de partager le titre avec quelqu’un de spécifique ?

Oui, en général ça se passe comme ça. Mais cela arrive avant même d’écrire. En écoutant la prod tu imagines quelqu’un sur le morceau. Tu proposes ensuite à différentes personnes et tu avances avec celles qui répondent présentes. J’essaie toujours de m’y prendre à l’avance, car c’est très long. Les gens ont leur vie et leur projet. Â partir du moment où ils donnent l’accord de principe, il faut le temps de planifier.

Quel est le featuring dont vous êtes le plus fier ?

Dans toute ma carrière, c’est dans l’album « Vis ta vie », un morceau que j’ai fait avec Lino et Le Rat Luciano. Énormément de personnes ont essayé de les mettre sur le même morceau, eux même également, et au final j’ai réussi. Mais je suis fier de toutes les collaborations, c’est un moment de partage.

Est-ce plus dur de concevoir un titre qui sera partagé avec quelqu’un ?

En général on propose la prod, l’invité demande le thème puis écrit. Soit on a déjà écrit, soit ce n’est pas le cas. Mais souvent quand le featuring se concrétise on est sur la fin du projet. Certains artistes sont par contre hyper réactifs. Si je prends l’exemple de Calbo, j’ai du le contacter un jeudi et deux jours après il était en studio avec moi. D’autres se font plus désirer.

Pourriez-vous nous parler du morceau du projet qui a été le plus long à écrire ?

Moi je suis quelqu’un qui tourne les phrases dans tous les sens. Même lorsque j’ai fini le texte je reviens dessus. J’essaie de trouver des petites subtilités.

Celui qui a pris le plus de temps c’est « Escarmouche » car il y a deux couplets.

Lorsque le jeu star wars est sorti, il y avait une mission qui s’appelait « Escarmouche ». Avec Meda ont était souvent dessus, c’est des petits combats en comité restreint. Donc c’est parti de là.

Et le titre qui vous tient le plus à coeur sur ce projet ?

« Retour d’origine » parce que je raconte une partie de ma vie, de mon parcours. Meda aussi, qui est passé par des foyers, ce genre de choses. On a aussi pas mal de points communs dans le sens où on est issus tous les deux de familles de divorcés, père étranger, mère isolée.

Vous avez la volonté de ne pas être sur la plateforme, quel est votre point de vue sur le sujet ?

Je ne suis même pas enregistré à la SACEM. J’ai les papiers chez moi depuis 20 ans, mais je ne l’ai jamais fait, je n’y vois pas trop l’intérêt commercialement parlant.

Moi j’ai plutôt l’habitude du CD, de le donner de main en main. Je les écoute en général lorsque je suis en voiture et je n’ai pas d’abonnement dans les plateformes digitales. On est à l’ancienne.

Le 9 février, lors du concert « Tous enfants de Marseille », vous avez présenté un morceau ?

Oui un seul. Sébastien Damiani nous a invités pour faire un morceau avec le band. On a eu des très bons retours.  On est par contre arrivé juste après les jeunes qui présentaient de la trap donc on a apporté une autre couleur. Il y avait une autre atmosphère. C’était sympa. Il y a même des proches qui ont été agréablement surpris. Cela fait toujours plaisir d’avoir des retours positifs. Mais c’est vrai qu’on est resté un peu sur notre faim. Si on avait pu jouer plus, on l’aurait fait. Il y avait pas mal d’artistes.

C’était une belle expérience d’avoir des musiciens avec nous sur scène. C’est à reproduire.

On a eu peu de fois l’occasion de présenter le projet sur scène pourtant on adore ça. À notre niveau c’est compliqué : Meda habite à Genève, moi à Marseille, on n’est pas à côté c’est compliqué.

Et quels sont vos futurs projets ?

Mon prochain projet est un album en commun avec Freeman, dans un premier temps. On aimerait éventuellement sortir le projet en vynils. Là on a déjà fait le choix des prods et on a déjà quelques thèmes. Beaucoup de prods sont de Lyrical records. Il y en a une autre qui est d’Alik, Ovaground, une de Dsnsky, et il y en aura certaines qui viendront de son côté.

Avec Freeman on se voit assez régulièrement donc cela nous permet d’échanger et d’avancer. On est sur la même longueur d’onde et c’est important.

Un mot à ajouter pour finir ?

Grosse dédicace à mon poto Meda qui n’est pas là, mais le coeur y est.

Je voudrais ajouter aussi que j’ai envie de sortir aussi du côté rap. J’aimerais trouver des artistes qui font du reggae, des musiques africaines aussi. Notre concept sera dans ce sens-là, mais il y aura toujours des artistes que l’on aime et dont on est proche qui seront présents. On avance avec les moyens du bord, avec des gens comme nous. On sort des clips comme on peut.

Merci à Krimo pour le temps accordé au magazine.

CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :

Léa Sapolin
Rédactrice en chef adjointe et webmaster du Magazine.
Passionnée de HipHop français et de musique à textes, en charge de la partie rap du magazine depuis mes 11ans.
Chargée de communication à mon compte et chef de projet Web à Oxatis.
Projet perso en cours : www.omega-13.fr

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