Distinction

S’il y a un artiste qui se distingue par une personnalité hors du commun, nous citerons en première ligne Stephan Eicher. Pour le voir régulièrement en concert et apprécier l’ensemble de ses productions musicales, il est évident que peu de musiciens aujourd’hui restent capables d’avancer en continuant de créer de nouvelles œuvres tout en parvenant en parallèle à remettre remarquablement leur répertoire sur l’établi. Que cela soit en solo avec des automates ou avec des équipes de musiciens distinctes, à chaque fois l’exigence porte ses fruits. La dernière aventure que nous pouvons aujourd’hui écouter grâce à cet album témoigne à nouveau d’une très belle tournée où Stephan embarque avec lui pas moins de treize musiciens, les douze hommes du Traktorkestar, et la beatboxeuse Steff La Cheffe.

European artist

Ce disque a été enregistré dans différents studios, en France, en Suisse, en Hollande, et masterisé à Berlin. On ne change pas celui qui représente le mieux la pureté de la fibre européenne – gardons-nous ici de tout commentaire politico-inutile. Alors bien sûr, d’autres invités ajouteront au charme de ces chansons révisitées. Claire Huguenin, très présente, apparait dès « Cendrillon Après Minuit » que l’on découvre en version duo et piste de danse.

Cuivres en fanfare

La plupart des orchestrations sont signées par des membres du Traktorkestar, en complicité souvent avec l’artiste. Il y a de superbes supports rythmiques qui se posent tout en gravité cuivrée. On l’entend sur « Louanges » où les envolées dans les aigus s’invitent rapidement à la fête. Le disque avait débuté avec des percussions quasi militaires avec « Ce Peu D’Amour », très vite embarqué dans un déploiement joyeux et soutenu. On s’imprègne d’une ambiance nouvelle, mais en osmose totale avec le personnage Eicher. Pas étonnant de retrouver Goran Brégovic pour la signature de la nouvelle partition de « Envolées » où l’on se retrouve dans une ambiance qui rappelle forcément la fameuse musique « des mariages et des enterrements », et encore, dès les couplets, comme un clin d’œil au « Death In The Car » composé pour la BO d’Arizona Dream.

Mises en scène

C’est un nouvel univers musical qui empreint d’une lueur parfois emplie d’humour les chansons de Stephan Eicher. De son tout premier album, « Les Filles Du Limmatquai » se retrouvent ici dans une mise en scène amusante au naturel engageant. Un écart qui démontre qu’un titre, quasi précurseur de la musique électro, peut très bien exister interprété par une fanfare, sans l’aide technique d’une quelconque programmation synthétique. Stephan Eicher légitimise l’organique comme un moteur purement suffisant pour permettre toutes les fantaisies. Ce n’est pas pour rien que la présence de Steff La Cheffe fait partie de la bande. Toutes les sonorités imaginables peuvent sortir d’une bouche. Démonstration avec cette sensible version de « La Chanson Bleue » qui ne perd absolument rien de son impact initial.

Sans résistance

Une fois que l’on est imprégné de cet esprit enthousiasmant, on ne peut plus résister. Le tempo trompetté de « Pas D’Ami (Comme Toi) » avec la spontanéité de Stephan, le tempo hachuré de « Combien De Temps »… Même les titres les plus connus ne perdent absolument rien de leur essence, alors que les trois titres inédits s’intègrent forcément en toute perfection à l’ensemble. Juste envie de rappeler que, au-delà de l’excellence de cet album, Stephan Eicher doit impérativement être vu sur scène. Nul ne le regrettera.

Pochette(s)

Vous remarquerez que la pochette de l’album de Stephan en rappelle une autre… Absolument volontairement. Même photographe, lentilles d’eau remplacées par des confettis (titre d’une chanson de Stephan parue sur l’album « Eldorado »). L’explication se trouve dans des complications entre artistes et maison de disque. Un parallèle entre les deux hommes que Stephan Eicher tient à souligner ici tout autant rapport au problème que pour rendre hommage à Alain Bashung – Permettons-nous ici de rappeler la sublime reprise de « Volutes » par Stephan sur l’album « Tels Alain Bashung ».

Copyright Laurent SEROUSSI
copyright Laurent SEROUSSI

CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :

Marc Sapolin
De l’organisation de concerts aux interviews d’artistes il n’y avait qu’un pas. Plus de vingt-cinq ans de rencontres avec les artistes et toujours la passion de la découverte.

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