Prenez le meilleur des musiques d’aujourd’hui. Secouez un peu le collectif regroupé sous le nom DBK Project, laissez-les fricoter ensemble autour du concept du rêve d’un autre monde. Et voici le résultat. Un personnage, féminin, 480. Drôle de nom pour une icône – on apprendra pourquoi au cours du récit. Quoiqu’il en soit, dans les rêves n’existent guère de règles. Mélanie Briand est la conteuse qui introduit chacune des chansons de ce programme, comme un guide dont la mission cristallise des objectifs paradoxaux : prendre conscience du paramétrage formaté de notre quotidien, décrypter d’autres repères propres au domaine de l’anticipation, rebondir sur ces derniers et impulser des notions portant l’auditeur dans un univers  romancé et cinématographique. Ainsi le caractère musical de chacun des titres composés s’inscrit dans un registre sans forcément de lien unitaire quant à un genre spécifique. Le chant lui-même est aussi bien en anglais qu’en français, certainement pour mieux répondre aux exigences de la musique, ou tout simplement en fonction de l’inspiration du chanteur ou de la chanteuse (Mélanie, Milu Milpop, Ausias). Et quelle déroute. Une écoute idéale au casque serait préférable pour profiter d’une immersion complète. La variété des styles musicaux ne souffre jamais de manque d’exigences. La qualité de la réalisation donne aux chansons ce pouvoir attractif imposé avec sensibilité et délicatesse, même s’il est dit, en tout début d’aventure : « Qu’allez-vous faire de ce chant, sans couplet, sans refrain ? » Juste se laisser embarquer, et se dire que pour une fois que l’on prend par la main l’auditeur à ce point, en exigeant le minimum d’attention nécessaire pour suivre le fil de l’histoire, il n’est guère possible d’échapper à l’attractivité suscitée. Peut-être qu’après une écoute il ne sera plus forcément utile de revenir sur les parties contées. On aura largement eu le temps de tomber sous le charme des orchestrations de chacune des chansons. Des arrangements qui peuvent tout autant se permettre la grandiloquence de parties de cordes imprégnantes (« La Non-Valse Mécanique »), que l’essence tripale d’une guitare électrique habitée (« Sing A song »), de la fluidité d’un piano Fender Rhodes, et tout simplement de la beauté intrigante des mélodies (« Draw Me Something », « Je Suis Un Souvenir »). Une version opéra-rock nous changerait des abrutissantes et affligeantes productions habituellement proposées. En fait, ici nous serions plus proches de l’esprit d’un « Phantom Of The Paradise » de Brian De Palma, au cœur d’angoisses et de questions (« Behind The Wall »), et surtout face à une réalité inquiétante, présentée comme une sorte de phase vitale finale menaçante. Sans que cela se déroule platement en description premier degré, la musique transporte au cœur d’une émotion dont l’implantation en territoire réaliste nous rappelle que la fiction, l’anticipation, ne sont pas si loin de ce futur proche dont les menaces  annoncées pourraient prendre effet, bien plus tôt que prévu. DBK Project transcende en beauté le noir fantasme annoncé. Superbe album.

CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :

Marc Sapolin
De l’organisation de concerts aux interviews d’artistes il n’y avait qu’un pas. Plus de vingt-cinq ans de rencontres avec les artistes et toujours la passion de la découverte.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *