Certainement pas toujours facile d’être le frère de, qui plus est le fils de. Pas facile pour soi. Pas facile non plus pour les autres à l’extérieur. Ou alors peut-être que si. En ce qui nous concerne, peu importe. Si l’on décide de parler de Joseph Chédid, c’est tout simplement parce qu’à l’écoute, il nous a touché.  Une première audition donne le la. Une seconde embarque sous le charme. Une troisième fini par convaincre tout à fait. Joseph est lui aussi un homme-orchestre. Sorte de Rémi Bricka du sentiment qui laisse les colombes enfermées dans son cœur prendre leur envol au travers de ses partitions. Si l’on prend le temps de lire les notes de pochettes qu’il signe et que l’on connaît un tant soit peu l’histoire des débuts de M, on comprend « l’effet thérapeutique » de cet album qu’il présente comme un voyage initiatique vers une connexion plus authentique et profonde à soi-même et aux autres. Les talents artistiques sont indéniables. « Lumière » pourrait être le pendant du « Imagine » de John Lennon. Le propos utopiste a le mérite de bénéficier d’une présentation qui s’inscrit dans une lignée poétique là où beaucoup d’autres plongent tête baissée dans des propos rentre-dedans pas forcément constructifs. Il est évident que l’option Chédid implique d’abord un travail sur soi. Et, comme les autres artistes de la famille, la transmission devient alors obligatoire, inévitable. Quand c’est en plus pour le faire avec et donner du plaisir, aucune raison de cracher dessus. On peut le laisser tourner en boucle ce disque. Chaque chanson s’apprivoise avec bonheur, libérant des effluves de senteurs tournées vers le bonheur. Et pourquoi ne pas suivre certaines indications, comme celles que propose « Dévoilez-vous » par exemple. On dirait bien le conseil de quelqu’un qui est passé par là et qui sait de quoi il parle. Une sincérité qui se ressent et qui anime de ses talents « Bipolaire(s) » des compositions à l’image des deux couplets opposés de cette chanson. L’extravagance et les sentiments et sensations intérieurs, profonds, se réunissent pour une proposition musicale jubilatoire. Les arrangements sont d’une précision telle et toujours bienvenus, donnant ce côté pop et hyper accessible à des chansons qui vont tout autant traiter de la gravité de la vie (« Des hommes, des âmes »), ou l’observer et la transcrire avec humour (« Choupinou », « Le chant des oiseaux »). Un tout bel et bien thérapie, comme si Selim (deuxième prénom de l’artiste) savait enfin se reconnaître entier, Joseph Chédid (« Je n’ai plus peur de vivre » (« Source »). Et quel instrumentiste. Il joue quasiment tous les instruments sur le disque, pas seulement les excellentes guitares. Sur scène, il peut être seul ou accompagné de son super groupe, devenant alors chef d’orchestre chanteur OVNI, ou en fait désormais OVI. Zut, le disque est déjà fini… Et le doigt se précipite sur la touche « repeat ».

CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :

Marc Sapolin
De l’organisation de concerts aux interviews d’artistes il n’y avait qu’un pas. Plus de vingt-cinq ans de rencontres avec les artistes et toujours la passion de la découverte.

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