Pas vraiment l’endroit ici pour s’épancher sur le sort du chroniqueur, mais une anecdote toutefois. Il  y a trois ans à peu près, envoi d’un courrier à Stephan pour lui proposer une chanson et lui en faire écouter quelques autres. Réception quelques semaines plus tard d’une lettre très sympathique en retour, avec un PS : « J’ai ajouté quelque chose sur le clé USB ». Découverte de « Berlin », titre accompagné à la guitare acoustique et à l’harmonica. Comment interpréter cette réponse « Si tu veux que je chante… Les paroles ne viennent plus Les mots ne sont plus là Comme sec est mon cœur Comme secs sont mes bras » ? Et puis, d’où venait cette chanson ? D’un album qui nous aurait échappé ? Alors, lorsqu’elle passe pour la première fois à la radio, à l’annonce de la sortie d’un nouvel album de Stephan Eicher, quelques éléments de réponse apparaissent. Mais inutile de revenir en plus sur les déconvenues de l’artiste avec sa maison de disque, éléments très certainement complémentaires de l’inspiration pour ce titre signé Philippe Djian pour les mots. Titre exact « Si Tu Veux (Que Je Chante) ». Oui. Beaucoup de monde le souhaite. Vœux exaucé.

Alors on reprend le cours d’une vie ponctuée par les chansons de Stephan Eicher, très certainement l’artiste vu le plus souvent en concert, tant il sait renouveler son approche du spectacle. « Homeless Songs » est une nouvelle collection de perles sentimentales. L’intérieur de la pochette, une fois dépliée en trois volets, présente une série de cils maintenus par du scotch transparent. Correspondent-ils chacun à un vœu ? « Si Tu Veux (Que Je Chante) » ouvre le bal, cette fois dans un arrangement de cordes, sans harmonica comme sur la version référencée « Berlin », où une partie des chansons de l’album ont été enregistrées, ainsi qu’à Amsterdam et en Camargue.

Ces « chansons sans abri », de durées très variables, restent très liées. Une couleur instrumentale dominante, portée par des cordes envoutantes créent une ambiance paradoxale de préciosité et de profondeur. Tout comme ces lectures de poèmes de Carl Albert Loosli (1877-1959) que l’on entend sur « Niene Dehei » ou encore « Haiku-Papillon ». Un Stephan Eicher qui peut être très intime dans ces cas-là, ou alors formalisant une dynamique à sa façon rayonnante et joyeuse. Un « Monsieur- Je Ne Sais Pas Trop » entraînant et accrocheur, un « Gang Nid Eso » combinant sur un rythme de valses effets classiques et accordéon populaire, en harmonie parfaite avec celui qui chante aussi bien en français qu’en allemand ou en anglais. Le polyglotte qui va s’amuser en mettant son humour au service de « Né Un Ver » qu’il chante avec Dan Reeder, l’auteur de cette très courte histoire du ver qui se réveille papillon en sortant de son cocon. Comme il le dit «  Mais c’est quoi ce bordel ? » Du Stephan Eicher grand cru ! Exceptionnellement, un texte en français n’est pas signé Philippe Djian mais Christophe Miossec, que l’on retrouve au chant avec Axelle Red, un trio pour une sombre annonce, « La Fête Est Finie », avant dernière d’un album qui se clôt sur le lent « Wie  Einem Der Gewissheit Hat ».

CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :

Marc Sapolin
De l’organisation de concerts aux interviews d’artistes il n’y avait qu’un pas. Plus de vingt-cinq ans de rencontres avec les artistes et toujours la passion de la découverte.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *