Dire que le style est le personnage serait sans exagération au sujet de ce nouveau roman. Souvent l’écrivain est central dans les pages de Philippe Djian. Ainsi évoquer le style reste d’un naturel imposé. Un rythme. Et un caractère. Equipés de ténacité. De rigueur. D’exigence(s). Autant d’atouts maîtres réunis dans une optique littéraire sans concession. Après les six épisodes de la série « Doggy Bag », où l’on pouvait noter l’étroite justesse psychologique de chaque membre d’une famille et son entourage – une sorte d’aboutissement en soi -, « Incidences » perfectionne une démarche entièrement dévouée à un art dont la ligne objective ténue peut se vanter d’avoir su tenir le cap jusqu’à maîtriser son impartial objectif. On ne lit pas Philippe Djian pour l’eau de rose, mais pour la boue et l’orage, pour l’humidité végétale, pour la sexualité de la page. Elle est imbriquée. Elle se faufile. Elle rampe. Elle luit d’une permanence déraisonnable. La jouissance n’existe qu’avec l’auteur. L’auteur ne vit qu’avec son amour. Sa passion ? Son travail ! Les clés cachées ne deviennent visibles qu’à l’issue de la course folle. Avions-nous compris de quoi il retournait ? Comme Marc, le professeur-séducteur, nous irons droit devant. Munis d’œillères si grossières. A reconnaître Djian, on pense, on réfléchit, on capte chaque détail, estimant les incidences – justement. Seront-elles autres, toujours loin des clichés. Non des effets de style. Du style tout simplement. Maintenant il y est. Il a trouvé. Quelle « incidence » sur le lecteur ? Le « dérailler » de ses habitudes ! L’entraîner au cœur de la machine frictionnelle. Imputer sa sueur au courage émotionnel. Le style est ainsi. Parle. Avance. Réservé aux meilleurs. Ceux qui persistent et signent, astreints à la littérature. La véritable. Celle des grands. De l’auteur d’Incidences.

CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :

Marc Sapolin
De l’organisation de concerts aux interviews d’artistes il n’y avait qu’un pas. Plus de vingt-cinq ans de rencontres avec les artistes et toujours la passion de la découverte.

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