pochette Babel JLMuratJean-Louis Murat, l’hyper productif, gâte ses aficionados avec un double album. Vingt titres dont seule la lecture donne déjà un aperçu au « bucolisme » attendu. Loin de l’esprit show-biz qu’il déteste, Murat s’accorde avec la nature et transcrit, dans ses chansons, tant les paysages que les odeurs, la sueur, la mélancolie. S’il y a en France un équivalent de Neil Young, ce ne peut-être que lui. Chaque entreprise prend sens dans une harmonie construite au présent, témoignant d’émotions avec, à chaque fois, un regard transversal pointant du doigt, à sa façon, les dérives politiciennes et altermondialistes, sans utiliser de premier degré stupide.  Depuis « Cheyen Autumn » et les précédents enregistrements, dont « Suicidez-vous, le peuple est mort », l’homme a fuit les concessions et fait l’amour aux mots et ses guitares. Avec The Delano Orchestra et quelques invités, dont Morgane Imbeaud (Cocoon) et Oren Bloedow (Elysian Fields), « Babel » cristallise tout Jean-Louis Murat. Même s’il est touchant seul avec sa six cordes acoustique, jamais les instrumentations développées autours de ses textes n’ont failli. Ici, dès « Chacun vendrait ses grives », le ton est donné. Ses variations, comme les tentations reggae de « Chant soviet », assurent parfois un décalage pointant l’humour propre de l’artiste. Mais à chaque fois, tempos et mélodies jouent la finesse. S’il arrive de plus en plus souvent à Jean-Louis Murat de jouer cet écart avec cette forme de cynisme qui lui est propre, on retient surtout comment ses chansons sont habitées, très loin de toute futilité. Majoritairement écrites sous forme de balades – que l’on peut aussi bien écrire avec un seul ou deux l -, la météo et les saisons s’invitent et transcendent le son. Pas besoin de vidéo-clip pour s’imprégner et ressentir. « La vallée des merveilles », que ne retrouve plus l’hirondelle, est le regard d’un homme avisé et distant, sur un monde en oubli,tourné vers demain en oubliant trop souvent ses essences et la sève de vie. Autant de chansons qui transportent, vers du rêve, de l’authenticité, de la tristesse, de la simplicité, de la nostalgie, de l’espoir, avec des mots comme on n’en entend plus très souvent.

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CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :

Marc Sapolin
De l’organisation de concerts aux interviews d’artistes il n’y avait qu’un pas. Plus de vingt-cinq ans de rencontres avec les artistes et toujours la passion de la découverte.

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