Pochette Garner Garner pour Arnaud Garnier. Un auteur-compositeur qui a su, avec cet album, franchir les lignes de démarcation. Quand il choisit l’électronique active en guise de fondement sonore, ce sera dans une approche éloignée de tout cliché, hormis peut-être celle d’une démarche qui pourrait être dans l’esprit de celle d’Alain Bashung – qui avait demandé à ses musiciens de tout oublier ce qu’ils connaissaient pour s’investir sur « Play Blessure ». Presqu’aux confins d’une musique industrielle, les ouvertures de chaque titre donnent aux couplets les inflexions d’une aquarelle aux tons froids, alors que, dès qu’ils arrivent, les refrains plongent dans les bras de mélodie assimilables à l’envi (« Les Grues », « Je Me Retourne »). S’il fallait parler de concept à propos de ce disque, cela aurait rapport à ses sonorités. Des ambiances créées de toute pièce pour cadrer des sentiments à une époque où les modes de vie évoluent tellement qu’on en perd le sens des valeurs. Garner avoue être « un Garçon Qui Pleure », car il a « le cœur à fleur de peau ». Justification ici du titre de l’album. Une vision, des aveux et des désirs. De « J’ai des je t’aime à distribuer avant que l’hiver ne reprenne » (« Je Me Retourne ») à « D’abord me retenir Ta bouche capsule Je kiffe ton habitus » (« Madame » en duo avec Véronique Presle), c’est une poésie moderne qui s’exprime sur un ton nouveau. Le défi de donner du cœur à la glace, réussir à conserver les sentiments là où on cherche à les faire disparaître. Une entreprise qui s’ouvre subtilement, au fil des titres et des écoutes, chacun se découvrant progressivement, laissant filtrer ses pouvoirs de séduction. Après s’être posé la question de ce qui se passe dans les cabines des filles, une recherche de contraste entre la critique détachée d’un monde aux politiques de perdition et des espoirs qui passent du bord de la piscine, « loin de la folie des hommes », à la mer « quand elle se pare de mille couleurs », alors qu’ « on rêve de bataille contre le désespoir », pour terminer sous la pluie et l’orage, à l’occasion de « La Fin Du Monde ». Qualité inclassable.

 

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CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :

Marc Sapolin
De l’organisation de concerts aux interviews d’artistes il n’y avait qu’un pas. Plus de vingt-cinq ans de rencontres avec les artistes et toujours la passion de la découverte.

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