Le premier album, « Come Play The Trees » fait partie de nos préférés. L’attente de ce deuxième projet ne pouvait qu’être impatiente. Snapped Ankles est un groupe que l’on peut définir comme conceptuel. Les titres du début défendaient une cause d’origine écologique, présentés comme des hommes des bois à la limite du primitif, il n’empêche que la sonorité dominante reposait sur une assise de gimmicks portés par des séquences très synthétiques, dont la mise en boucle assurait  une mise en transe imparable. C’est un peu ce que l’on attend ici et que l’on retrouve rapidement (« Tailpipe », « Rechargeable »). Le concept cette fois, tel que présenté dans la bio d’accompagnement, atteste que les musiciens anglais ont modifié leur look. Puisque leur communauté a disparu, ils ont choisi de prendre l’apparence de ceux qui ont causé sa mort, les promoteurs immobiliers et autres courtiers, pénétrant ainsi de l’intérieur, tel des agents secrets, la conduite qu’ils sont décidés à combattre. On retrouve du coup cette même hargne musicale (« Delivery Van »), hargne contrôlée de manière à conserver un esprit dont les aspects positifs déterminent l’essentiel : malgré la gravité de la situation, il faut continuer à prendre plaisir à vivre et apprécier le bon qui nous entoure. Entamer une action dans laquelle ce plaisir se doit de s’accoupler à la contestation. C’est bel et bien ce que l’on entend dans cette musique, jamais hermétique, sensiblement bienveillante et judicieusement entraînante. Le format de chacun des titres, au-delà des quatre minutes, joue un rôle essentiel. Un jeu de répétitions, de breaks et de reprises attendues donnent une consistance dont le sérieux s’oppose à l’ennui (« Three Steps To A Development »). Un morceau comme « Skirmish In The Suburb » dévoile une facette étonnante, où les synthétiseurs apportent un côté planant associé à l’énergie initiale, créant une forme de contraste idéale pour formaliser ce nouveau concept. Idéalement, « Dial On The Rings On A Tree » est un enchaînement bienvenu, posant une dose de stress en intensité confondante, avant de repartir vers les essences de la contestation avec un très claquant « Drink And Glide ». Sans que cela en soit vraiment, on pense ici à un esprit proche du psychobilly. Disons plutôt du « PsychoSnapped ». Alors, pour finir en beauté, les Ankles proposent un sublime « Dream And Formaldehyde » que l’on ne vous décrira pas, vous laissant le soin de découvrir et d’être surpris. Beautiful and pregnant.

CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :

Marc Sapolin
De l’organisation de concerts aux interviews d’artistes il n’y avait qu’un pas. Plus de vingt-cinq ans de rencontres avec les artistes et toujours la passion de la découverte.

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