Encore un projet tout à fait dans les cordes d’Extended Player. L’australien Nick Murphy s’est fait connaître en signant ses précédentes productions Chet Faker. Ce second album  qu’il présente sous son propre nom fait suite à « Built On Glass », disque certifié platine.  « Run Fast Sleep Naked » est avant tout le résultat d’une quête prioritairement axée sur la découverte des richesses sonores du monde. Nous n’y prendrons garde qu’à partir du moment où l’immersion en territoire musical sera complète. Bien que ce ne soit pas forcément la même chose pour chaque auditeur, il faut passer par une période d’adaptation tant la largesse d’inspiration propose des écarts étonnants entre les différents titres. Ils peuvent apparaître comme axés vers des courants s’imposant en mode marquant l’époque actuelle (le chant dans les hauteurs de « Novocaine And Coca Cola », le tempo dansant de « Sanity » tout en force conviviale), ou paraître attirés du côté de versants beaucoup plus contemporains, avec un bruitisme free en opposition totale à la beauté d’autres mélodies (la coda de « Hear It Now »), mais on peut aussi bien entendre ce genre de digression sonore en transversalité, comme dans les couplets de « Sunlight » qui, au-delà d’une rythmique très marquée, se veut avant tout mélodique. Au final, on se rend compte que ces contrastes appartiennent à la démarche artistique développée tout au long de ces onze titres. Les enregistrements ont eu lieu dans des endroits très différents, voire improbables, comme le salon de la grand-mère, une location de vacances en famille, son propre appartement à New-York, mais aussi à Tokyo et au studio Shangri La à Los Angeles (pour « Sanity »). Et cela ne nuit en rien à l’unité sonore confondante de l’ensemble. Nick Murphy excelle en qualité d’habillage sonore. Il crée comme on joue, librement, sans frontières, d’une inspiration consacrée à conforter méticuleusement ses descriptions de couleurs de vie. Ecouter au casque pour encore mieux saisir la pertinence de ces éléments. Sur un titre comme « Believe Me », ballade au piano, besoin de rien durant la première partie, mais quelle évolution soudain, avec un changement d’ambiance abordée discrètement pour devenir complètement décalée dans le registre, avant de reprendre dans l’esprit initial une coda plus classiquement orchestrée. Cet album du détail devient, une fois apprivoisé, un sublime album de chevet, de nuit comme de jour. Sa clôture est parfaite, cristallisant tout le pouvoir créatif de l’artiste : « Message You At Midnight ».

CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :

Marc Sapolin
De l’organisation de concerts aux interviews d’artistes il n’y avait qu’un pas. Plus de vingt-cinq ans de rencontres avec les artistes et toujours la passion de la découverte.

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