Il y a des artistes qui émergent, qui font encore peu de bruit, mais sur lesquels on craque. Ces artistes-là sont discrets sur la toile puisque malheureusement noyés dans la masse d’informations qui circule sur le web. Cela devient alors un vrai casse-tête de découvrir quelle est la discographie de l’artiste, d’où il sort et quels sont les projets à son actif. Ce sont ces interrogations qui nous ont poussés à partir à la rencontre de K-Pos, artiste aujourd’hui marseillais à l’origine du titre « Track versée du désert » en featuring avec Eve.

Voici donc ce qui résulte de cette interview visant à dresser le portrait et à résumer le parcours de K-Pos :

Pouvez-vous vous présenter et nous expliquer l’origine de votre blaze ?

Je m’appelle K-pos. J’ai grandi à Nice et je suis né à Lisbonne au Portugal. Mon blaze vient de mes origines cap-verdiennes. Mes parents sont de là-bas. J’ai commencé le rap en 2006, 2007.

Comment s’est passée votre rencontre avec la musique ?

Depuis tout petit, avec ma sœur, on écoutait les albums de Mickael Jackson. C’est mes premiers souvenirs musicaux. On regardait les clips en VHS (rires).

En France, le premier rappeur que j’ai écouté c’est MC Solaar, et Passi aussi. À cette époque j’étais jeune encore, je devais avoir 8 ou 9 ans.

J’ai commencé à écrire après avoir écouté Sniper, l’album “Du rire aux larmes”. Je devais avoir 16 ou 17 ans.

Et justement quel était votre premier texte ? Quelle était la thématique abordée ?

Le texte traitait du racisme. C’est un sujet qui me touchait beaucoup. Je viens de Nice et cette ville est connue pour être bien à droite. Subir le racisme au quotidien, je connaissais. La première fois que j’ai écouté Sniper, en particulier le morceau “Pris pour cible”, j’ai été touché. Je me suis rendu compte que moi aussi je souhaitais parler du racisme dans des textes de rap. Je me suis donc mis à écrire.

Vous venez de nous citer les artistes qui vous ont motivé étant jeune, aujourd’hui, quelles sont vos influences ?

Beaucoup de rap français et surtout Youssoupha, Kery James, Nakk, IAM.

Pourriez-vous revenir sur vos premiers projets ?

J’écrivais avec mes amis. En 2009 on formait un groupe qui s’appelait “Philosophie urbaine”. Ensuite, en 2011, j’ai créé un projet dans lequel j’ai réuni plus de 20 artistes de Nice dans une mixtape qui s’appelait “Combat d’amour”. Le projet s’est vendu de main à main en CD. Il y a un titre de ce projet qui a été clippé et qui est toujours dispo sur internet, c’est “Pas de passe pour les miens”.

À l’époque ce n’était pas comme maintenant, il n’y avait pas le téléchargement et pas de streaming, donc c’était sur CD.

Après ça, j’ai sorti en 2015 un autre projet qui s’appelle “L’œil du faucon”. C’est un EP 5 titres qui regroupaient les 5 morceaux que j’avais faits entre 2012 et 2015.

Puis, depuis 2016, j’ai sorti 4-5 sons dont “Track versée du désert”.

Avant “Track versée du désert”, vous avez fait une longue pause non?

Oui, cela faisait plus d’un an et demi que je n’avais pas écrit de texte et que je ne m’étais pas rendu en studio.

Pourquoi cette pause et pourquoi ressurgir ? Quelle est la symbolique liée à ce morceau ?

En effet, ce morceau est symbolique, car je l’ai fait à l’occasion de mes trente ans. Ce titre raconte le parcours difficile que j’ai eu en France. Je voulais expliciter le fait que dans la vie il faut se battre et ne pas abandonner, je voulais le dire de façon musicale. C’était donc l’occasion pour moi de me remettre dans la musique. J’ai invité tous mes amis de Marseille sur ce clip, ma famille également. Cela m’a fait plaisir. C’est une façon de fermer une porte, c’est la fin de la jeunesse. La trentaine correspond à mon entrée dans la vie adulte.

Mais pourquoi avoir fait cette pause en amont ?

Parce que je suis pris par la vie professionnelle, c’était ma priorité, mais j’espère enregistrer de nouveaux sons cet été.

Justement, quels sont vos futurs projets ? Est-ce que ce morceau fera partie d’un album ?

Idéalement j’aurais dû sortir un projet qui s’appelle “Art mûr” il y a deux ans. Mais à chaque fois j’ai perdu mon portable. Je l’ai perdu deux fois. C’est un an de travail parti en fumée deux fois de suite. Au mois d’août, je prendrai ma décision vis-à-vis de mes futurs projets.

J’ai oublié d’en parler, mais entre 2010 et 2012 j’ai fait du slam. Des championnats nationaux de slam notamment. J’ai fini premier de la région PACA en 2010. Le rap et le slam font partie de ce que je sais faire.

Les titres perdus ne seront donc pas recréés et diffusés ?

Je pense que ça ne servirait à rien de refaire ces titres. Le rap aujourd’hui est en pleine évolution. Il y a sans cesse des nouveaux trucs et il va falloir que je m’adapte. Il y a de nouvelles manières de rapper, de poser. Il faut que je sois actuel même si je garde mon style. Je veux essayer de nouvelles expériences comme le chant.

Auriez-vous un rêve dans la musique ?

Franchement, l’idéal pour moi ce serait de sortir des projets régulièrement dans ma trentaine, tout en gardant un pied dans le monde professionnel. Je voudrais avoir cet entre-deux qu’à Flynt aujourd’hui. Ce serait mon idéal.

Pour conclure, pourriez-vous nous dire ce que vous apporte le rap dans la vie ?

Le rap m’apporte beaucoup de choses : L’ouverture d’esprit, l’analyse l’écoute, plein de choses comme ça. Ça m’a permis de rencontrer des personnes de différentes cultures aussi. Comme je suis un garçon un peu timide, ça m’a permis de m’ouvrir surtout.

Nous remercions K-Pos pour sa gentillesse et pour le temps qu’il nous a accordé.

CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :

Léa Sapolin
Rédactrice en chef adjointe et webmaster du Magazine.
Passionnée de HipHop français et de musique à textes, en charge de la partie rap du magazine depuis mes 11ans.
Chargée de communication à mon compte et chef de projet Web à Oxatis.
Projet perso en cours : www.omega-13.fr

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