La Phaze c’est un bouillon de Riffs puissants sur un air de révolution, c’est une énergie survoltée en live, incitant le public à s’unir pour pogoter en symbiose. C’est du punk, du rock, mais aussi de la jungle, c’est de la pungle. Bref, La Phaze c’est un cri de rage positif qui reste, toujours mélodieux.

Il y eu « Cushy Time », « Pungle Roads », « Tension », « Punglistic Mixture » de 2001 à 2003, puis la rencontre avec Manu Chao lors d’un regroupement altermondialiste. Celle-ci s’est ensuivit d’une tournée au Brésil.

nsuite, « Fin de Cycle » a vu le jour en 2005 avec, en guise d’exemple, Mouss & Hakim de Zebda en featuring. L’album suivant a été « Miracle » en 2008, ou l’on retrouve notamment Keny Arkana, puis « Peine de vie » en 2008 et « Psalms and Revolution » en 2011.

Depuis, plus rien. Enfin pas tout à fait… La Phaze semble faire son retour depuis 2010. Les membres fondateurs, Arnaud Fournier (guitares, cuivres et chœurs) et Damny Baluteau (clavier, machine et chant) semblent surgir de nulle part avec une nouvelle jeunesse. Nous avons souhaité en savoir plus, Arnaud nous l’explique.

On constate un retour de La Phaze, que s’est-il passé? Qu’est-ce qui vous a motivé?

En effet, le groupe à plus de 20 ans. En 2012 on était arrivé au bout, on n’avait plus d’inspiration. On s’est finalement recontacté en 2017 pour voir si on avait envie de refaire quelque chose. Avec Damny, on a donc commencé en 2018 à faire quelques compos et c’est sorti tout seul. Quelques années auparavant, il n’y avait rien, pas un mot, pas une note qui sortait. C’était la panne sèche après 14 ans à fond : le break était nécessaire.

En 2018, on a donc fait deux titres et calé une tournée d’été. L’accueil du public était toujours là, c’était super. On a décidé de continuer et on a pondu un album. Tout a été assez fluide. On en est très content d’ailleurs.

Le problème, c’est que ça aurait dû sortir plus tôt. Pendant la tournée, Damny s’est blessé et a été arrêté pendant 1 an. La tournée de 2019 n’a pas pu se faire. Et là, en 2020, avec les événements, tout a été annulé. On est maudits avec les tournées : deux étés consécutifs qui sautent. Mais maintenant on avance, l’EP est sorti jeudi, l’album sort le 16 octobre et on part en tourée à partir de mi-octobre.

J’imagine que pendant cette période où vous n’avez pas œuvré en tant que La Phaze, il y a eu plein de choses dans votre vie qui ont évolué. Est-ce que cela a eu un impact sur ce que vous faite aujourd’hui et, d’ailleurs, y-a-t-il de grandes différences entre cet album et les précédents, que ce soit musical ou au niveau des thèmes?

C’est une bonne question. Quand on a arrêté le groupe en 2012, le noyau dur du groupe, Damny et moi, on a tracé notre chemin. Damny a monté un autre groupe avec l’ancien batteur. Il avait un autre projet aussi et il a produit des sons pour d’autres. Moi j’avais d’autres groupes avec lesquels j’ai continué de tourner. En fait, nous nous sommes ressourcés avec nos projets parallèles. Lorsqu’on est revenu, on était très frais. On avait complètement oublié La Phaze pendant 5/6 ans en faisant des choses vraiment différentes.

En revenant, c’était un terrain de jeu assez excitant, on a retrouvé cette fraîcheur qu’on avait peut-être perdue sur les dernières années du groupe. On s’est retrouvé à peu près dans la même excitation et la même fraîcheur que lorsqu’on a fait notre premier album en 2001, 2002. On était dans la même dynamique et dans le rendu sonore, on retrouve les mêmes mélanges qu’on utilisait au début. Parce que c’est vrai qu’au fur et à mesure des années, et au fur et à mesure de la composition intra sec du groupe, le genre évoluait un petit peu.

Il y a toujours eu de la Jungle, mais il y avait un côté plus rock à la fin parce qu’il y avait une batterie. Là, on est revenu à quelque chose beaucoup plus électro, drum’n’bass, jungle, comme au début du groupe avec des phases un petit peu plus ensoleillées qui tourne autour du reggae, ragga, mais en même temps des phases beaucoup plus brutales comme on a toujours su faire avec de la grosse guitare, vraiment rentre dedans. En fait, on retrouve l’univers et le mood des premiers disques, mais avec une modernité de production au niveau de l’électro, très très actuelle. Tout a été remis au goût du jour au niveau des techniques de production électronique. On a intégré un nouveau membre dans le groupe, Speaker Louis, qui est plus jeune que nous et est du milieu de la drum’n’bass à Londres. Il a donc une super oreille et un super œil sur toutes les nouveautés jungle en Grande-Bretagne. Du coup, comme la musique électronique et les techniques de production évoluent très très très vite, on est dans le son du moment, mais avec nos recettes de l’époque. Il y a toujours des chansons avec des complets et des refrains, les textes sont majoritairement remis en français contrairement aux derniers albums.

C’est Damny qui écrit les textes. Il s’est inspiré de ce qui lui ai arrivé pendant un an un an et demi. Ça a été très compliqué, il a vécu des choses dures. Il dit souvent que c’est un album qui parle de colère constructive et non pas destructive, mais positive, d’une part, mais c’est aussi sur la résilience. Ce sont les thèmes que l’on va aborder même si chaque chanson a son propre thème. Les textes sont en français, car on veut vraiment que le message passe.

Le EP vient tout juste de sortir, pourriez-vous nous dire trois mots sur chacun des titres?

Alors, il y a deux morceaux qui sont les titres qu’on avait dévoilés lors de la tournée de 2018 : « Sourire au teint de glace » et « Avoir vingt ans ». Ces deux morceaux sont déjà connus d’une partie du public puisqu’ils existent en clip. C’est juste pour officialiser la vraie sortie en dehors des clips.

Il y a un titre qui parle de l’univers digital, de fausses vies qu’on s’invente sur internet, sur les réseaux, les médias. Et « Avoir 20 ans » c’est un peu la posture d’un quarantenaire puisqu’on a tous passé 40 ans à part le petit nouveau mais Damny et moi on a passé les 40 ans allègrement. Ce titre c’est donné la sensation d’avoir 20 ans aujourd’hui. Il y a aussi un parallèle avec nous-mêmes : on avait cet âge-là quand on a créé le groupe.

La vraie nouveauté c’est un titre qui s’appelle « Tabasse ». C’est un morceau très très frontal tant dans le son que dans le propos puisque c’est un morceau qui traite des violences conjugales. C’est un texte assez dur, mais très intéressant, et c’est sur un son Pungle, jungle-punk. C’est vraiment très très dancefloor et en même temps il y a de gros riffs. Ça cogne et on a hâte de le jouer en live, ça va faire lever de la poussière !

Et donc votre prochain album est 100% finalisé?

Oui. Je crois même qu’on a lancé la fabrication des vinyles. Ça prend beaucoup de temps de fabriquer des vinyles. La pochette n’est pas encore finalisée, mais les 11 titres sont enregistrés, mixés et masterisés. Et les trois morceaux du EP sont sur l’album, c’est un avant-goût, un apéritif.

Pendant le confinement, vous êtes très présents sur les réseaux, est-ce que vous avez expérimenté de nouveaux formats?

 On a fait des DJ Set, mais il y a eu pas mal de galères techniques. Facebook c’est un peu relou pour ça, je ne sais pas comment on va continuer. Il y a eu 6 DJ set de Damny et de Louis. Le but était de garder du lien et de faire plaisir à tous ceux enfermés. Sachant que toutes nos dates ont été annulées, on n’est pas près de retrouver le public. Comme on est tous dans la même galère, ça fait des samedis préapéro sonore au son de La Phaze. Ça permet aussi de partager quelques nouveautés, « Tabasse » y est passé. Il y a eu aussi quelques nouveaux remixes, des inédits, des raretés. Et puis, on a aussi passé le son qui nous correspond et nous influences : du vieux reggae roots à la drumb’n’bass, aux basiques de la Jungle, du punk rock, du rock’n’roll. C’était juste du lien avec la communauté Pungliste.

Quelque chose à ajouter pour finir?

Vu la crise économique liée au covid, s’il y a moyen de soutenir cette économie-là, c’est d’acheter les albums, des disques, de la musique. Et quand les concerts reprendront, ce sera d’aller en concert. Il faudra réinjecter de l’argent au lieu de télécharger la musique. Pour une fois c’est peut-être pas mal de mettre 3/4 euros dans un EP en digitale, d’acheter un CD à 10 bales ou un vinyle à 15. C’est un acte militant et une forme de soutien aujourd’hui. Les musiciens, les artistes et les techniciens sont les premiers qui ont dû arrêter et seront les derniers à reprendre.

Nous terminons l’interview sur ces paroles et croisons les doigts pour que la tournée d’octobre puisse avoir lieu. Après cette période étrange, ça ne pourra que faire du bien de retrouver ses 20 ans sur les rythmes de la Phaze.

CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :

Léa Sapolin
Rédactrice en chef adjointe et webmaster du Magazine.
Passionnée de HipHop français et de musique à textes, en charge de la partie rap du magazine depuis mes 11ans.
Chargée de communication à mon compte et chef de projet Web à Oxatis.
Projet perso en cours : www.omega-13.fr

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