ZOLA
L1, L2, R1, R2, haut, bas, gauche, droite. En un rien de temps, Zola, 19 ans au compteur, a trouvé les codes du succès. Depuis fin 2016, le natif d’Evry n’a pas décéléré : une grosse douzaine de clips balancée, une cinquantaine de millions de vues enregistrée. Le phénomène est réel, aussi bruyant que le pot d’une bécane en ligne droite, et personne ne passe à côté. En 2019, pour sortir son premier album dans les meilleures conditions possibles, Zola et Truth Records, sa structure, se sont associés à AWA, label fondé par l’éminent hitmaker Kore. Autant dire qu’il y en a sous le capot.
Un projet tournant pour la carrière d’un jeune artiste qui a su être patient, avant de passer aujourd’hui à la vi- tesse supérieure. Il y a encore quelques mois, Zola n’avait pas le luxe de se consacrer pleinement à la musique. Adolescent, il suit sa mère, seule, qui part trouver du travail dans l’Est de la France. Pendant sept ans, il vit entre deux mondes : le calme d’un bled de province la semaine, où il enfume son imaginaire sur les routes de GTA San Andreas, et la banlieue parisienne qu’il retrouve chaque week-end. Un déracinement qu’il subit malgré lui, mais qui développe ce qu’il est aujourd’hui. Loin de la capitale, il cabre tous les moteurs qu’il trouve – une passion depuis l’âge de 8 ans – et se prend à envisager demain, le poignet cassé sur l’accélérateur. Il faudra réussir, d’une manière ou d’une autre. Dès qu’il sera en âge et qu’il aura rempli ses engagements auprès de celle qui l’a élevé, il retrouvera Paris.
Son compte Instagram devient son terrain de jeu ; il y met en image tout ce qu’il a en tête sur la vie qu’il veut mener, et la vie qu’il mènera. Celle d’un enfant d’Internet, une éponge d’influence qui ne voit pas d’autres options d’existence que la vie rapide. Son esthétique résonne, sa communauté grandit. Il sait qu’il doit en tirer profit. Le désœuvrement fait le reste : en 2016, il freestyle avec des amis et comprend d’instinct qu’il y a quelque chose à creuser. Pas du genre à faire les choses à moitié, il embraye et forme OSIRIS, son premier groupe. « On vendait nos paires de pompe pour aller enregistrer en studio sur Strasbourg, on faisait des sessions à 5h du matin. » De là, plus question de ralentir, quitte à rouler seul. Son cousin, Nosky, croie en lui et devient son premier investisseur : il finance clips et séances studios, et le fait charbonner dès qu’il retourne en Ile-de-France. Entre mars et septembre 2017, Zola balance (presque) un clip par mois, tous plus efficaces les uns que les autres : « Puce&Pussy », « Cru » et « Mia Wallace » l’installent dans la case des jeunes à suivre.
« Belles Femmes », sorti en novembre, déchire cette étiquette et le propulse comme l’un de ses phénomènes que seul le rap français parvient encore à enfanter