Tina Mweni est singulière, élégante et surtout talentueuse ! Sa voix soul s’accommode aux rythmes multiples et nous propose un HipHop superbement féminin !

À l’occasion de son concert au poste à Galène, nous avons eu la chance de pouvoir l’interviewer. Elle nous livre ici son parcours, nous parle de ses projets, et nous propose une playlist exclusivement constituée de femmes.

Tina Mweni c’est trois pays : Le Danemark, Le Kenya et la France, mais c’est aussi différentes sonorités tirées du HipHop, de la Soul, du Jazz, et même de la musique électronique. On dit de vous que vous êtes dotée de la chaleur africaine et de la droiture nordique, êtes-vous d’accord avec ces postulats et comment vous présenteriez-vous ?

Je suis née à Nairobi au Kenya et j’ai vécu la première année de ma vie dans un endroit appelée Dandora. C’est l’endroit où il y a le plus d’inconvénients à Nairobi. Il y a donc un énorme contraste entre le lieu où je suis née et celui où j’ai grandi, Copenhague. J’ai été élevée et éduquée à la manière africaine, mais au Danemark, donc en effet je bénéficie de cette double culture.

 

 

Dans ce melting-pot interculturel pouvez-vous nous parler de votre parcours musical ainsi que de votre discographie ?

C’était à un âge vraiment jeune que je me suis passionnée pour la musique. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais c’est ce que je voulais faire. Ce n’était pas dans le but de devenir riche, mais vraiment pour l’amour de la musique. Et c’est toujours cette passion qui me guide aujourd’hui.

Enfant, j’ai commencé à prendre des cours de chant, puis des cours de piano et des cours de guitare. Après j’ai commencé à danser, mais pas à un niveau professionnel. Ensuite, j’ai intégré une école de rythmique, que j’ai validée. Puis, j’ai auditionné pour une école de danse, que j’ai validée également. C’est suite à cette école de danse que je me suis mise à rapper, et puis après j’ai commencé à voyager, à tourner.

 

Dernièrement vous avez sorti un nouveau projet, pouvez-vous nous en parler et tenter de le définir en trois mots ?

« Powerful, passionate, different » (puissant, passionné, différent)

Dans ce projet, j’ai décidé de m’adonner à mes rêves, de les extérioriser et de les concrétiser. Je les ai laissés devenir réalité. Mon rêve était d’avoir un groupe uniquement composé de femmes. Des femmes qui font du HipHop, mais plus que du HipHop, du HipHop sincère. Oui, un rêve (sourire) !

 

Sur ce projet, pouvez-vous choisir une chanson qui vous tient vraiment à cœur et que vous aimeriez expliciter, que ce soit au niveau du Message, ou de la méthode de création ?

Je vais parler du morceau « RapVolution » qui a une structure vraiment différente. J’aime le fait que ce morceau n’ait pas de structure traditionnelle. Ce ne sont pas les mêmes règles. Il y a des mesures basiques et simples en arrière-plan. Ensuite, il y a un rythme HipHop. Et par-dessus, j’ai ajouté le rap. Chaque élément du morceau a une place à part entière. Et la phrase que je préfère sur ce morceau c’est « This album ain’t for paper making », cela résume l’intention de mon album.

Vous vous entourez uniquement de musiciennes, vous participez à des projets engagés ainsi, vous définissez vous comme féministe ?

Je me bats pour la cause féminine. C’est un combat important à mes yeux, mais je ne veux pas être cataloguée de « Féministe » parce que je suis plutôt une activiste qui se préoccupe de l’humanité en général, de l’environnement, et des animaux.

 

 

Pouvez-vous nous parler de « Call me femcee » et « Womanifest » ?

Womanifest est une idée que j’avais. Le but était de créer une forme d’expression HipHop composée uniquement de femmes. Cela n’avait jamais été fait à Copenhague. On a eu beaucoup de succès avec celui fait à Copenhague. On a donc décidé de faire ce projet également dans d’autres pays. Dans ces autres pays, cela n’avait jamais été fait non plus. On a été les premiers à lancer cette initiative.

« Call me femcee » est une invitation que j’ai reçue. Une invitation à participer à un album avec des Mcs femmes, donc des Femcee, vraiment talentueuses.

Pour en savoir plus sur le projet : https://callmefemcee.com/

Si je dois parler de mon côté féministe, je pense que j’aime représenter l’aspect féminin du HipHop. Il y a énormément d’artistes talentueux, mais également beaucoup de femmes talentueuses dans ce domaine. Je veux démontrer qu’on apporte de la lumière à ce courant. Certaines femmes sont des actrices du vrai HipHop.

 

Pouvez-vous nous présenter des artistes féminines qui vous plaisent ?

Je recommande d’écouter Rah Digga, Lauryn Hill, Invincible, Jean Grae, mais il y en a plein!

 

Si vous deviez choisir le featuring de vos rêves, une chanteuse plus exactement ?

Je pense que c’est impossible, mais je dirais Lauryn Hill. C’est la seule artiste, à l’heure actuelle, pour laquelle je pourrais abandonner ma propre carrière pour aller faire les  chœurs pour elle. Si je la rencontre un jour, lorsque je mourrai,  je mourrai heureuse (rires) ». (rires).

 

Vous dites dans une interview que la scène HipHop danoise est très authentique. Que les artistes font du HipHop avec le cœur. Ainsi, pouvez-vous nous conseiller quelques artistes ?

J’aime beaucoup un artiste appelé Nixen. Ses lyrics en danois sont très riches, il y a beaucoup de contenu dans sa musique. Ensuite il y a une artiste appelée Natasja Saad, malheureusement elle n’est plus de ce monde, mais c’était une Mc vraiment talentueuse. Ensuite j’aime beaucoup la musique danoise des années 80, comme Ray Dee Ohh, ce sont deux femmes avec des voix vraiment puissantes.

 

Cela fait à peu près 4 ans que vous vous êtes installée à Marseille, pourquoi ce choix ? Qu’est-ce qui vous plait au sein de cette ville ? Comment définiriez-vous l’écosystème musical de la ville ?

Je suis vraiment contente de l’écosystème musical marseillais, il y a beaucoup de choses qui m’inspirent ici. Je pense que le niveau est toujours très très haut, ça me permet de donner le meilleur de moi-même, cela me challenge. Aujourd’hui je vis à Marseille, c’est sûr que je vois des mauvais côtés de la ville, notamment avec ce qui se passe dans la rue. J’ai vu des gens se battre, des coups de feu, du sang, ce genre de choses… mais de ce fait l’expression artistique est d’autant plus forte ici.

 

Y-a-t-il des lieux ou structures marseillaises, dont vous aimeriez nous parler, et qui vous ont aidé à avancer sur vos projets musicaux ?

Oui. Lorsque je suis arrivée ici c’était avec le projet « East Africa Rise Up » (https://eastafricariseup.com/), avec d’autres musiciens d’Afrique de l’Est. Ce projet a été très important pour ma carrière. Dans ce projet j’ai pu être vraiment moi-même et ressentir une vraie liberté artistique. Il y a eu aussi « WePresent », le label pour cet album, et aussi « Horizon Sud ». Mais d’une manière générale, ici les gens sont toujours prêts à aider alors je pourrais citer beaucoup de monde.

 

Quel est votre chanson que vous estimez être la plus engagée et pourquoi ?

C’est une question vraiment difficile, mais je crois que je choisirais « Rhyme for you’re life » ou « RapVolution »

 

Quels sont vos futurs projets ?

Je suis déjà en train de travailler sur le prochain album, et puis il y aura une tournée !

 

Nous remercions Tina Mweni et son manager pour leur sympathie et le temps qu’ils nous ont accordé, ainsi que l’Hôtel intercontinental de Marseille pour nous avoir accueillis. 

CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :

Léa Sapolin
Rédactrice en chef adjointe et webmaster du Magazine.
Passionnée de HipHop français et de musique à textes, en charge de la partie rap du magazine depuis mes 11ans.
Chargée de communication à mon compte et chef de projet Web à Oxatis.
Projet perso en cours : www.omega-13.fr

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