Maps est un producteur et compositeur anglais qui présente ici son quatrième album. Celui-ci résulte d’une démarche très spécifique, résultat d’un travail qui aura pris trois ans. La collaboration avec l’ensemble classique The Echo Collective est le premier élément déterminant. L’orchestre s’impose dès les premières mesures d’une présence bien assise sur un son très grave, comme la noirceur d’un ciel menaçant (« Surveil »). Le chant s’emmêle ici à ces arrangements symphoniques, se laissant porter par la puissance développée par le jeu orchestral. Puis « Both Sides » introduit des nuances plus pop, généreuses et entraînantes, jusqu’à se laisser prendre dans les filets orchestraux du grand ensemble. Maps avoue avoir appris le violon dans sa jeunesse. Il trouve ici le moyen permettant d’associer ces expériences-connaissances pour concrétiser un projet dédié à la recherche de l’émotion humaine la plus pure possible – il a tout écrit et produit. Les paysages vallonnés de la campagne du Northamptonshire en toile de fond à travers la fenêtre de son studio ont complété son inspiration. Ce que l’on peut ressentir au plus profond, la qualité orchestrale mêlant subtilités des cordes avec l’entremise-pontage synthétique d’excellent aloi, comme sur ce sublime « Howl Around ». On va tout aussi loin avec la grandiloquence finale de « Wildfire », titre suivi admirablement d’un « Just Reflecting » dont l’intro semble trouver sa source dans l’univers musical qui le précède. « Colours. Reflect. Time. Loss. » sont les éléments constitutifs d’un grand disque de pop intra-extravertie. Non pas un paradoxe, mais une complétude émotionnelle. C’est effectivement une gra nde part de puissance naturelle qui prévaut à l’écoute. Le sentiment d’être happé par des forces qui nous dépassent. Celle d’un environnement qui saura toujours prendre le dessus quoiqu’il en soit. Bien que différents chanteurs soient investis sur cet album, les voix ne sont jamais en colère, plutôt mélancoliques, rêveuses (« She Sang To Me » et ses chœurs aux limites du céleste, « Sophia »). « The Plans We Made » débute sur des arrangements simplement dédiés au piano et à la voix. Mais l’ensemble revient très vite imposer ses décollages passionnels qui donnent ce caractère unique au projet de Maps. Pour clore ce rêve, il fallait un euphorique « You Exist In Everything », sur un tempo légèrement plus dansant, concluant d’optimisme. Parfait, incomparable et parfait.
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