Nous prenons la direction du Dôme de Marseille sous ce crachin atypique pour la région. Ce soir notre curiosité porte sur le plus jeune des fils Chedid.

Dans cette famille d’artistes, Joseph a longtemps eu un rôle de l’ombre en composant pour d’autres et collaborant avec des artistes de renoms. D’Arthur H à Johnny Hallyday, avec sa petite sœur, -M- ou encore sa compagne. S’il a porté son deuxième prénom Selim comme nom d’artiste, c’est en la personne de Joseph Chedid qu’il revient pour son nouveau projet matérialisé par l’album Source. En première partie de son frère Mathieu, l’homme est annoncé ce soir en solo, sans ses musiciens.

Après une série de trois contrôles de sécurité et présentation des billets, nous entrons enfin dans le Dôme. Des lunettes 3D, rouge et bleue, rappelant nos souvenirs d’enfants, sont distribuées à l’arrivée. Siégeant à gauche des ingés son, surplombant la fosse, nous profiterons du concert dans l’axe de la scène.

Joseph ne monte que dans 15 minutes, le temps d’apprécier la foule fin prête à découvrir la raison de ces lunettes excentriques. Un simple micro et une petite table de mixage sont posés au centre, devant une toile immense.

En famille

Joseph Chedid

Quand le fond sonore s’arrête, quelques impatients commencent à applaudir. Les lumières s’éteignent enfin, accompagnées d’un « haaaaa… » général, puis la voix de -M- surgit des enceintes pour annoncer la première partie, encensant l’artiste avant de complimenter le frère, on sent toute l’admiration qu’il porte à Joseph.

Dans une combinaison bleue, de celles que portent les artisans, si cela n’était pas un cliché, celui qui se fait aussi appeler Selim longe le drap jusqu’au micro. Joseph gratte à la guitare quelques notes d’un rock délicat en introduction. Sa voix douce rappelant celle de son frère -M- nous peint une société ensorcelée d’un mal dans « Guérir ». Tout en poésie, les mimiques et gestes de l’auteur captivent sur les langoureux couplets musicaux.

De manière nonchalante, en se frottant les yeux, Il présente maintenant « Bipolaire » dont la première phrase « envie de dormir » donne un sens à cette mise en situation. Joseph prend un peu plus de largeur et s’adonne à quelques pas de danse. D’apparence maladroit dans ses gestes et mouvements, l’artiste donne l’impression de ne pas être à l’aise. Devant ce petit théâtre d’improvisation nous admirons surtout un fantastique musicien.

A capella, à présent le public reprend en cœur le refrain de « l’infini », morceau sorti sur l’album « Maison Rock » sous le pseudonyme Selim, puis repris en famille par la suite. Si l’auditoire reste assez expectatif quand l’artiste quitte la scène, la sensibilité de Joseph ne nous laissera pas indifférent.

Les lumières se rallument, le vendeur de pop-corn fait sa ronde, on aperçoit aussi du mouvement derrière cette grande toile prenant toute la hauteur de la scène.

L’infini, sous le nom de Selim

-M-

La salle s’assombrit enfin, Mathieu est projeté sur cet écran. Il nous invite à mettre les lunettes afin de profiter de l’immersion 3D. Quand l’introduction cinématographique se termine, une simple ampoule suspendue s’allume au pied de la toile, -M- est déjà là.

D’un simple apparat, l’artiste dispose d’une guitare, quelques pédales qui lui permettent notamment de jouer la grosse caisse et des clochettes sur le pied droit. On s’attend à une montée en puissance dans ce grand petit concert. Appuyé contre une chaise en position debout, M dispose à présent d’un set de batterie manipulée aux pieds, ses mains flirtant toujours avec une guitare.

Dans une organisation chirurgicale, les quelques instruments disparaissent quand la toile se lève pour laisser place à un enchevêtrement d’écrans découpés en M. Au côté de Mathieu, des instruments automatisés jouent à présent pour lui comme un rêve d’enfant ou les objets s’animent. Les jeux de lumières et formes projetées peignent et décousent la mise en scène, on pourra notamment y apercevoir sa fille projetée en miroir, pour un duo fantastique.

L’artiste traverse la foule, un temps à pied sur un solo de guitare tenu de bout en bout, une fois au piano sur une plateforme ou une jeune fille du public l’accompagnera à la voix. -M- invitera plus tard des personnes du public, petits et grands à danser à ses côtés. Joseph aura aussi partagé la scène avec son frère le temps d’un morceau.

Bref, résumer et transmettre cette épopée aussi intensément qu’en la vivant semble aussi impossible que recevoir une lettre envoyée depuis l’infini. Nous partirons comme des enfants émerveillés, des grands petits cons.

-M- et sa fille Billie

CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :

Jordan Charrier
Graphiste / Web-bidouilleur ayant baigné depuis tout jeune entre rock, reggae, variété et hip-hop, la curiosité reste le lien étroit entre passions et activités professionnelles.

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