La Haine en comédie musicale : une plongée immersive et contrastée au cœur du Dôme de Marseille

Les 8, 9 et 10 novembre 2024, le Dôme de Marseille affiche complet pour un événement inédit : La Haine, le classique de Mathieu Kassovitz, revisité en version comédie musicale. La première soirée a tenu ses promesses, et même si l’expérience est inédite et puissante, elle laisse un goût partagé.

Difficile de comparer cette comédie musicale à un concert de rap, où l’énergie brute et l’impulsion du live frappent en pleine poitrine, ou à la tension viscérale d’une projection en salle. Ici, l’expérience est autre : une fusion entre le théâtre, la danse, l’art de rue, l’interprétation.

Adapté avec une actualité mordante, le spectacle égrène des références modernes : Jordan Bardella, Marine Le Pen et autres figures controversées font irruption dans la trame, s’intégrant aux dialogues et offrant un miroir critique de notre époque.

Certains passages quant à eux, surprennent par leur tonalité décalée, frôlant parfois l’absurde. Ce contraste avec les moments plus graves n’est pas gratuit : il apporte une profondeur supplémentaire, en soulignant le caractère chaotique et paradoxal de notre société. Entre humour et réflexion, ces scènes laissent entrevoir des leçons de vie cachées, comme autant d’échos aux contradictions du monde actuel.

Les changements de scène sont d’une fluidité magistrale, chaque transition témoigne du soin méticuleux apporté aux détails, avec des éléments visuels immersifs, rappelant des hologrammes. Chaque passage se déploie comme un tableau poétique, d’une beauté singulière et teintée de mélancolie.

Le spectacle glisse aussi quelques clins d’œil locaux, avec notamment une dédicace à l’OM, qui ne manque pas de faire réagir chaleureusement les spectateurs.

Sur le plan musical, la direction est assurée par Proof, référence dans le rap et cofondateur du Grand Paris Studio.

Côté interprétation, Alivor incarne Hubert avec une intensité captivante, s’imposant comme le personnage le plus marquant. Il partage la scène avec Alexander Ferrario (Vinz) et Samy Belkessa (Saïd), dont les rôles plus légers apportent des nuances intéressantes, bien qu’ils ne suscitent pas la même émotion.

Le final, en apothéose, déclenche une standing ovation méritée. Le dernier texte, signé par Médine, laisse un message d’espoir pour notre société, une invitation à se relever, à rêver malgré tout, et à avancer ensemble face aux défis contemporains. Ce dernier élan résonne comme une direction à suivre, un souffle dont on a tous besoin face à une réalité sociale parfois cruelle.

Avec cette version de La Haine, l’équipe créative nous livre une vision renouvelée, intense et réfléchie d’une œuvre qui a marqué des générations. Bien que l’expérience ne soit pas sans failles, elle demeure une plongée envoûtante dans un univers qui transcende les genres, un pont tendu entre plusieurs mondes – et rien que pour cela, elle mérite le détour.

La Haine, comédie musicale - image bus
La Haine, comédie musicale

CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :

Léa Sapolin
Rédactrice en chef adjointe et webmaster d'Extended Player. Amoureuse du rap français et des bonnes punchlines, je pilote la section rap du mag depuis que j’ai 11 ans (oui, déjà !). En parallèle, je suis communicante freelance et chef de projet web, avec une expertise en e-commerce. Toujours connectée, toujours à l'affût des sons qui parlent et qui touchent !

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