Hier, Médine (découvrir notre interview de 2015) a captivé l’Espace Julien avec deux concerts acoustiques à guichets fermés, à 17h et 20h. Accompagné de Félix Kaonefy et Guillaume Redzol, il a offert une performance unique, oscillant entre engagement, humour et introspection. Sur scène, Médine a prouvé une fois de plus qu’il sait allier fond et forme, livrant un spectacle aussi percutant qu’agréable.

Une scène acoustique, des mots incisifs et un humour désarmant

Dans une configuration dépouillée mais sublimée par un éclairage apportant une touche de poésie, Médine s’est plongé dans son répertoire avec un format acoustique qui met ses textes au premier plan. Ses paroles, à la fois incisives et réfléchies, prennent une dimension nouvelle grâce aux arrangements de Félix Kaonefy (batterie, chant et pads) et Guillaume Redzol (piano et guitare).

Médine a fait preuve d’un humour désarmant et d’une autodérision presque digne d’un stand-up, rendant le moment à la fois drôle et percutant. Il jongle avec les anecdotes sur son parcours, ses idéaux de jeunesse et les paradoxes de la société actuelle, tout en offrant un regard critique et mature sur l’homme qu’il a été et celui qu’il est devenu.

Une promesse pour l’avenir

Au cours de la soirée, Médine a surpris son public en dévoilant deux extraits de son futur album, laissant entrevoir une évolution audacieuse dans sa musique. Le premier, véritable surprise en termes de sonorité offre une direction inédite pour Médine. Le second morceau, interprété intégralement, propose un refrain chanté qui évoque sa manière d’encaisser les crises actuelles – écologiques, géopolitiques, et bien d’autres – qui nous frappent « en pleine face ».

Avec des paroles telles que « Je vois la tempête, je lui choisis un nom », ce titre dévoile une poésie brute et une puissance intacte, confirmant que Médine continue de se réinventer tout en restant fidèle à lui-même. Ces morceaux prometteurs augurent un futur album captivant.

L’autotune comme miroir d’une société factice

L’autotune, omniprésent mais parfaitement maîtrisé, devient ici un symbole, comme il le dit lui-même : celui d’une société superficielle où les valeurs sont devenues des slogans vides. « Liberté, Égalité, Fraternité » ? Une façade, tout comme les JO, vitrine d’une France inclusive qui cache un racisme systémique.

Sur scène, Médine déroule ses vérités avec une plume acérée, abordant des sujets comme Gaza avec des titres poignants tels que « Gaza Soccer Beach », tristement actuels. À travers ses morceaux et son discours, il invite à la réflexion sans jamais tomber dans la violence ou la moralisation.

Entre famille et engagement

La musique de Médine, c’est une affaire de famille. Lors de son titre dédié à sa femme, toujours présente sur les tournées, une demande en mariage s’est glissée dans le public, comme pour souligner l’amour et les liens humains qui imprègnent son œuvre. « Ma musique est familiale et militante, comme une bagarre à Disneyland », dit-il avec cette touche d’humour qui lui est propre.

Il a également annoncé une tournée dédiée à sa série « Enfant du destin », ces récits bouleversants et fictifs inspirés des drames géopolitiques réels. Véritables histoires dans l’histoire, ces morceaux illustrent la nécessité de déconstruire le monde pour mieux le reconstruire.

« L’Amour » par Médine — Une Ode à l’Humanité dans « La Haine »

Pour clôturer son concert, dans un moment de grâce et de vérité, Médine, qui a prêté sa plume et sa voix à « La Haine », la comédie musicale inspirée du film culte, interprète « L’Amour ». Avec ce titre, il explore les failles, les blessures et les espoirs d’une société fracturée.

Ce texte, spécialement conçu pour cette œuvre collective, transcende les frontières de la simple performance musicale. Médine y déploie tout son art pour capturer l’essence de la révolte et de l’humanité, unissant la poésie et la musique dans une prière universelle.

« L’Amour » n’est pas qu’un mot ici ; c’est une quête, un cri du cœur, un défi lancé à la haine omniprésente. Une invitation à repenser nos relations, nos regards, nos jugements. Avec une intensité rare, Médine nous rappelle que, même dans l’obscurité, l’amour peut être la lumière.

– Nous vous invitons par ailleurs à découvrir notre article sur « la Haine » –

Conclusion : un artiste qui se réinvente sans jamais se trahir

En 2 heures de concert, avec presque aucune pause malgré une double session, Médine prouve qu’il est une véritable bête de scène. Si ce format acoustique laisse parfois les habitués de ses concerts énergiques sur leur faim, il permet néanmoins d’explorer une autre facette de son art : plus introspective, plus nuancée, mais toujours aussi percutante.

Marseille a répondu présent, et l’ovation des convaincus démontre que Médine reste une figure essentielle du paysage musical. Il se réinvente, mais reste fidèle à lui-même : un artiste qui milite avec ses mots, ses mélodies et son authenticité.

CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :

Léa Sapolin
Rédactrice en chef adjointe et webmaster d'Extended Player. Amoureuse du rap français et des bonnes punchlines, je pilote la section rap du mag depuis que j’ai 11 ans (oui, déjà !). En parallèle, je suis communicante freelance et chef de projet web, avec une expertise en e-commerce. Toujours connectée, toujours à l'affût des sons qui parlent et qui touchent !

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