Vendredi soir dernier, l’Espace Julien vibrait au rythme du Festival Avec le Temps. Parmi les artistes à l’affiche, c’est avant tout pour Youssef Swatt’s que nous avons fait le déplacement. Ce rappeur belge, très impliqué à Marseille notamment lors des événements tragiques de la rue d’Aubagne, est un artiste que l’on suit depuis longtemps. Il est toujours présent au Demi Festival, et sa sincérité dans l’écriture fait de lui un incontournable de la scène indépendante.

Youssef Swatt’s : une introspection scénique

Malheureusement, nous sommes arrivés trop tard pour le premier groupe Liv Oddman, qui, à en croire l’enthousiasme unanime du public, a livré une prestation remarquable. Mais c’est Youssef Swatt’s qui nous intéressait.

Depuis sa victoire dans la saison 3 de Nouvelle École, il a pris une nouvelle ampleur, sans jamais renier l’ADN de son rap : un rap authentique, proche des gens, loin des artifices du mainstream.

Son concert s’ouvre sur une intro mélodieuse et prenante. Il se présente brièvement avant de mettre en avant ses musiciens, qu’il remercie tout au long de la soirée. Les trois premiers morceaux sont issus de Nouvelle École, mais il faut attendre un peu pour qu’il entre pleinement dans sa musique. Le déclic se produit avec ses titres plus introspectifs, plus mélancoliques, ceux dans lesquels il livre son âme et où il devient le Youssef Swatt’s que l’on aime voir sur scène.

Dans une phase quasi-thérapeutique, il annonce : « J’ai pas envie de casser l’ambiance, mais je suis sur scène pour faire des chansons dépressives. » Et le public le suit.

Ce concert marquait aussi les trois semaines de sortie de son dernier album, un projet qui compte des collaborations impressionnantes, notamment avec Youssoupha, Clara Luciani et Sofiane Pamart. Des morceaux interprétés sur scène et largement appréciés par le public.

Finalement, le petit Youssef Swatt’s qui nous disait humblement qu’il aimerait être payé pour performer, lorsqu’au Demi Festival, après un désistement, il était recherché pour remplacer un artiste absent, le voilà aujourd’hui après une belle ascension, toujours fidèle à ses valeurs, aux commandes d’une prestation où un sublime jeu de lumières magnifie des textes introspectifs, eux-mêmes portés par des instruments soigneusement orchestrés, le tout soutenu par une équipe soudée.

Yoa : une révélation scénique

Après Youssef Swatt’s, place à Yoa. Nous ne l’attendions pas particulièrement, son nom étant passé presque inaperçu sur la programmation. Et pourtant, elle a reçu le prix de la révélation scénique aux Victoires de la Musique.

Elle arrive seule sur scène, accompagnée de ses deux danseuses. Le dispositif est minimaliste : un grand voile blanc en arrière-plan, un piano, et une scénographie bien travaillée.

Les premiers morceaux ont une tonalité presque enfantine, ce qui nous déroute un instant. Mais très vite, on comprend que tout est calculé. Son spectacle est millimétré, sa présence impressionnante, sa voix absolument impeccable. Malgré ses mouvements incessants et ses chorégraphies dynamiques, elle ne laisse échapper aucune fausse note.

Son show est à la fois très calibré et pourtant ponctué d’instants spontanés : elle oublie parfois ses paroles, s’amuse de ses erreurs, interagit avec le public. Elle pleure, rit, se livre sans filtre. Cette alternance entre perfection et vulnérabilité crée une connexion particulière avec la salle.

Le public, quant à lui, est en transe. Beaucoup de femmes, des cris d’admiration, une ambiance survoltée. Sa performance oscille entre sensualité assumée et messages engagés. Elle dédie son concert aux femmes et aux personnes LGBTQ+, tout en rassurant avec humour les hétéros dans la salle.

Le jeu de lumières est sublime, projetant des ombres mouvantes sur le voile blanc, créant des tableaux hypnotiques. Elle alterne les ambiances : danse frénétique sous des flashs multicolores, ballade poignante au piano, moment d’engagement fort lorsqu’elle dénonce les violences sexuelles.

Nous sommes ressortis de cette soirée conquis. De Youssef Swatt’s, on attendait de l’authenticité et une émotion brute, et il nous l’a livrée avec sincérité. De Yoa, on ne savait pas à quoi s’attendre, et on a pris une claque. Une artiste à surveiller de près puisqu’on est passé de la chipie teenageuse, à une interprète bouleversante qui se livre avec émotions, avant de s’affirmer comme une figure en puissance, digne d’une Mylène Farmer version 2025. Une soirée qui nous rappelle que la scène est un terrain d’expression puissant, capable de surprendre et d’émouvoir au plus profond.

 

CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :

Léa Sapolin
Rédactrice en chef adjointe et webmaster d'Extended Player. Amoureuse du rap français et des bonnes punchlines, je pilote la section rap du mag depuis que j’ai 11 ans (oui, déjà !). En parallèle, je suis communicante freelance et chef de projet web, avec une expertise en e-commerce. Toujours connectée, toujours à l'affût des sons qui parlent et qui touchent !

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