Il y a un peu plus d’un an, DJ Djel me confiait qu’après son voyage à Atlanta, il avait pour la première fois pris conscience de sa place d’ambassadeur et d’acteur majeur de la culture hip-hop à Marseille. Je n’ai donc pas été surprise quand, quelques semaines plus tard, il organisait la première édition du Fonky Festival de Mars. Pas surpris certes, mais heureux. Heureux de voir qu’enfin, des personnes légitimes, en l’occurrence DJ Djel et Alfonso, portent sur leurs épaules la création d’un festival 100% rap marseillais à la maison. C’est dur à croire, mais il aura fallu attendre 2024 pour que MARSEILLE, la deuxième ville de France et accessoirement Capitale du Rap Français (les jaloux diront que je suis chauvin), bénéficie d’un événement entièrement dédié à ses (nombreux) talents.

À ceux dont la mauvaise foi dira que le Fonky Festival de Mars cherche avant tout à surfer sur l’héritage d’un groupe emblématique et indissociable de l’histoire de la ville, je répondrais : vous vous trompez. Mettez-y les pieds un instant et vous comprendrez que le Fonky Festival de Mars est l’un des (trop) rares festivals en France à puer l’amour inconditionnel du rap et la passion dévorante du hip-hop. Cerise sur le gâteau bleu et blanc, il se déroule au Cabaret Aléatoire, une salle iconique dans l’enceinte de la Friche Belle de Mai, un lieu chargé d’histoire et d’anecdotes qui a vu les plus grands rappeurs de la Planète Mars faire leurs classes au micro avant de partir à la conquête de l’Hexagone et du monde. Posez la question à n’importe quelle superstar de la cité phocéenne, elle vous dira qu’elles sont toutes passées par là. 

Fédérateur, pluridisciplinaire, revendicateur et identitaire (dans le bon sens du terme, on s’entend !),  le FFDM, c’est tout ça et bien plus encore. Quel autre festival de France peut se vanter de promouvoir toutes les générations de sa scène locale sur un pied d’égalité, en faisant fi de toute notion de notoriété et des chiffres de ventes ? Littéralement d’ailleurs puisque sur les deux jours durant lesquels se déroulent les hostilités, si le lineup est évidemment dévoilé en amont, le public ne sait jamais à l’avance qui va monter sur scène, ni à quelle heure. Un moyen habile de cultiver sans cesse la curiosité du public, trop peu souvent poussé à sortir de sa zone de confort en ce qui concerne ses habitudes musicales. 

 

Pour en parler, le public du Fonky Fest est bien entendu à l’image de la ville : familial, passionné, incandescent et cosmopolite. Sa voix résonnait même si fort entre les murs de la Friche que, j’en suis sûr, Jul, l’OVNI local qui retournait et ambiançait l’enceinte du Stade de France au même moment, en entendait les échos. 

À titre plus personnel, le Fonky Festival fait partie de mon ADN. Depuis sa première édition et encore plus après sa deuxième. Comme certains le savent déjà, ces derniers mois, j’ai choisi de prendre mes distances avec l’industrie du rap et ses médias, ceci pour mille et une raisons. Sans entrer dans les détails, je dirais qu’après presque dix ans d’exercice dans le milieu, j’ai ressenti le besoin irrépressible de changer d’air, de faire autre chose afin d’éviter l’overdose, pour que jamais la flamme de ma passion pour le rap et la culture hip-hop ne s’éteigne. 

Si prendre du recul sur le game et fuir le flot incessant des sorties musicales hebdomadaires m’a fait énormément de bien, le Fonky Festival de Mars (au même titre que le Demi Festival d’ailleurs), sont de ces moments suspendus dans le temps, qui me rappellent pourquoi, en dépit de ma relation par moments conflictuelle avec lui, j’aime autant le rap. C’est cliché, mais si ce n’est pas la rue qui m’a élevée, son genre musical dominant et la Culture qui gravite autour m’ont incontestablement fait grandir. Ce qui me pousse à dire avec humilité que, sans eux, jamais je ne serai devenu celui que je suis aujourd’hui.

En plus de toute ma reconnaissance, je souhaite donc une longue vie au Fonky Festival de Mars, ainsi qu’à toutes celles et ceux qui se battent, entre Ombre et Lumière pour faire briller le hip-hop marseillais, aussi bien dans ses terres que par-delà ses frontières.

CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :

Jérémie Leger
Jérémie Léger est journaliste indépendant installé à Marseille. Passionné de rap et de jeux vidéo, il signe des articles pointus et engagés pour des médias comme Booska‑P, Konbini, IGN France ou Pix’n Love. Il aime creuser les sujets, faire parler les artistes et mettre en lumière ce qu’on prend trop souvent à la légère.

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