Interview – Melzak : “J’ai compris le pouvoir des mots quand j’ai commencé à perdre des gens”

Melzak, 19 ans, écrit ses chansons entre les murs de sa chambre, comme on confie un secret à un carnet.
Bruxelloise d’origine, elle compose, écrit et produit elle-même sa musique — une alchimie fragile entre poésie slamée, rap intime et guitares rock. Après avoir livré sa douleur avec son premier EP « Petit Prince », dédié au deuil de son meilleur ami, elle revient en 2025 avec un regain d’énergie et un regard tourné vers l’horizon. Son nouveau single « touché‑coulé » aborde les cicatrices d’une famille décousue, l’envie de liberté, la naissance du désir. Le contraste est puissant : des refrains dansants et lumineux, des couplets habités par la vulnérabilité.

Melzak captive — fragile et affirmée à la fois. Elle puise dans des influences polychromes (Little Simz, Dali, Iliona, The Strokes) pour forger un univers où le rap, le slam, la pop française et le rock alternatif se font écho. Avec sa plume sincère, elle ne cherche pas à raconter une histoire : elle veut toucher les cœurs, poser des mots sur ce que l’on ressent sans toujours pouvoir le dire.

 

Pouvez-vous nous raconter votre naissance artistique?

Petite j’ai passé beaucoup de temps avec mon père britannique a écouter du rock classique, qui se retrouve aujourd’hui parmi d’autres styles que j’aime comme le rap et l’hyperpop. Pendant le covid, j’ai eu mon premier chagrin d’amour et je me suis mise a écrire de la poésie. Sachant les bases de la musique, un jour j’ai décidé de simplement lire mes poèmes au dessus de quelques accords simple et j’ai aimé le rendu. J’ai par la suite découvert l’univers du slam et du rap dont je me suis sentie proche ayant toujours aimé l’écriture. Et donc dans ma chambre, au début sur garageband avec une vieille guitare acoustique, j’ai commencé a composer de la musique. J’ai sorti mon premier single « fou » en 2023, puis un EP de trois titres sur le deuil « Petit Prince », et pour finir mon nouveau single « Touché-coulé ».

Si nous devions résumer votre histoire en 3 moments clés, auxquels feriez-vous référence?

En 2024, je perds deux amis qui ont mis fin à leur vie. Je me tourne complètement vers l’écriture et je partage trois titres à mon entourage qui eux-aussi traverse un moment compliqué. J’ai eu des retours pleins d’amour et de reconnaissance. j’ai découvert la puissance des mots et d’une communauté.
En mai 2025, je fait premier vrai concert . Avec quatres musiciens, on a joué une setlist de 9 chansons dont 6 que j’ai composé. J’ai vu des yeux pleurés quand j’ai chanté « Petit Prince », des têtes vibrés sur « Touché-coulé » et des sourires nostalgiques pour « fou ». J’ai tellement aimer jouer en live mes chansons, j’ai pu découvrir tout un autre aspect. Je suis enfin sortie de ma petite chambre.

Comment pourriez-vous décrire votre musique?

Je pense que mon univers est très honnête et brut. J’écris quand je ressens des émotions fortes, et donc ce sont ces émotions qu’on retrouve dans mes chansons.

Afin de présenter votre dernier morceau, pouvez-vous nous raconter sa conception : comment vous avez procédé pour le concevoir?

Pour mon nouveau single, « touché-coulé », j’ai d’abord eu des mois de voyages où j’ai passé mon temps à écrire et à observer. Quand je suis rentrée, j’ai pris ma guitare et mon journal intime. Je lis des passages au dessus de la musique, et de là vient des idées, des découvertes, des coups de coeur. Puis quand mon texte est plus ou moins rassemblé, j’enregistre la guitare et je rajoute des couches de piano, de violon, de batterie sur mon logiciel. C’est surement le moment le plus long, je passe beaucoup de temps a modifier la prod. Je pose mes paroles au brouillon, j’envoie des versions a mon entourage et j’écoute leur retour. Je continue sans cesse de le perfectionner jusqu’à ce que je suis sincèrement fière.

Pouvez-vous nous parler de votre morceau coup de cœur?

Mon morceau coup de coeur c’est « Petit Prince ». Les paroles sont arrachantes, mais je pense qu’il était impossible pour moi de faire une chanson moins triste. Certains m’ont dit que mes sons étaient déprimants, mais ceux qui ont aussi traversé un moment de deuil intense m’ont remercié d’avoir mis des mots sur un sentiment indéfinissable.

Si vous deviez choisir un morceau à écouter en premier pour vous découvrir, lequel ce serait?

« Tamed Commotion » c’est le plus populaire. Il est un peu plus léger mais reste dense en paroles. Il est en anglais et il a un refrain prenant et mélodique. Il raconte mon deuil d’une perspective à la troisième personne du singulier.