Pascal Perez, dit Imhotep, est souvent « dissimulé » sous trois lettres : « IAM », pourtant sa carrière et ses projets solos sont multiples et variés. Compositeur, beat-maker et mixeur français, Imhotep aime partir à la rencontre de divers univers musicaux pour créer des ambiances inédites et novatrices. II se saisit de bribes sonores entendues au cours de son parcours personnel pour les transformer en véritable cocktail de mélodies empruntant des spécificités au dub, au blues, au rock, au reggae, au funk, ou encore aux musiques méditerranéennes et orientales, selon l’humeur et les opportunités du moment.
Son premier album solo « Blue Print » fut teinté des essences musicales du Maroc, et, plus spécifiquement, d’Essaouira. Après plusieurs morceaux et créations HipHop tels que « Chroniques de Mars », il se joint à un guitariste touareg pour de nouvelles aventures. Puis, les projets se sont multipliés pour le beatmaker d’IAM, jusqu’en 2012, où il décide de présenter son deuxième projet solo intitulé « Kheper ». Cet album sera qualifié d’« Ethnotronica »: musique électronique inspirée des musiques du monde. Cela n’étonnera donc personne de retrouver ce virtuose des platines lors de l’édition 2016 du Babel Med Music, salon professionnel et festival dédié aux musiques du monde. À cette occasion, Imhotep présentera son dernier album solo, « Kheper Dub »
ExtendedPlayer a souhaité dépasser l’égide des trois lettres qui collent à la peau de l’artiste pour partir à la rencontre d’un univers plus individuel, mais peut-être plus universel.
Extended Player : Pouvez-vous choisir 3 mots seulement pour vous définir ?
Imhotep : amour, musique et… et musique
Extended Player : Qu’est-ce qui explique l’affinité qui s’est créée entre vous et la musique ?
Imhotep : Je suis incapable de répondre à cette question, car ce n’est pas moi qui suis allé vers la musique, c’est la musique qui est venue vers moi. Depuis que j’ai des souvenirs, ce sont des souvenirs musicaux. Ce n’est pas moi qui crée la musique c’est la musique qui m’a créé.
Extended Player : Pouvez-vous nous raconter un ou deux de vos souvenirs musicaux ?
Imhotep : Mon plus ancien souvenir était lorsque j’étais gamin. On était parti en vacance en Andalousie, car mon père est d’origine espagnole. C’est un grand amateur de flamenco. On était parti dans les alentours de Grenade, dans des villages troglodytes, donc des maisons creusées dans la roche. Il y avait des artistes de flamenco qui faisaient des mini-concerts improvisés dans les bars et dans les maisons. Je me rappelle donc de cette ambiance musicale très familiale et très riche émotionnellement. Ça, c’est mon premier souvenir musical.
Et mon deuxième souvenir est un peu plus récent. Il date du début des années 90. On était avec le groupe IAM. On faisait la première partie d’un Grand Monsieur qui s’appelle James Brown. J’ai eu la chance et l’honneur d’échanger quelques mots avec lui, de lui serrer la main. On n’a pas fait de photo, car ce n’était pas encore l’époque des portables. J’avais un peu l’impression de rencontrer un de mes nombreux parrains musicaux. Sachant ce que représente la musique afro-américaine, sachant ce que représente James Brown dans la musique américaine, pour moi c’était vraiment un grand moment.
Et si j’ai droit à un troisième souvenir, je dirais le concert avec IAM devant les pyramides en Égypte. Ça, c’était magique !
Extended Player : Imhotep c’est IAM, mais c’est aussi un parcours personnel et individuel au sein de musiques diversifiées, a-t-il été toujours été facile, pour vous, de mêler ces deux chemins ?
Imhotep : En fait je n’ai pas eu à me poser la question en ces termes là parce que pour moi ce n’est pas un double parcours. Ou alors, si c’est un double parcours, ce sont des routes tellement parallèles qu’elles se croisent volontiers et se confondent souvent. En plus, on a toujours su, en tant que groupe, se ménager et trouver du temps pour que chacun puisse s’exprimer dans ses projets solos sans devenir esclave de notre planning. Du coup, cela m’a toujours laissé du temps pour m’intéresser à d’autres musiques. Je ne suis pas un éclectiste du rap, du hip-hop, bien que j’adore cette culture. Je viens du reggae.
Comme je le disais tout à l’heure j’ai joué de la guitare, j’ai même fait un petit peu de rock, du rhythm’n’blues. Je m’intéresse énormément aux musiques ethniques. Et donc pour moi, c’est le même chemin. Il y a même certaines musiques, qui au départ n’étaient pas forcément destinées à devenir un titre de rap, qui, par la magie des arrangements et des juxtapositions musicales, sont devenues des titres de rap. Donc, en fait, je me laisse guider par l’inspiration. Comme je le dis souvent, l’inspiration ce n’est pas moi qui la cherche c’est elle qui me trouve. Quand je crée ou que je compose j’essaie de ne pas avoir de but, car je pense que quand on cherche on ne trouve pas. Il vaut mieux se laisser emporter par un sentiment, une émotion, une atmosphère musicale plutôt que d’essayer de se focaliser pour aboutir à un résultat. Je ne suis pas trop dans cette démarche-là.
Pour moi il y a un seul chemin, un seul parcours. Comme aurait dit Confucius, la route juste c’est la voie du milieu.
Extended Player : Votre dernier album solo se nomme Kheper Dub, il est arrivé juste après Kheper. Pouvez-vous nous parler de ces deux albums ?
Imhotep : Alors pourquoi Kheper puis Kheper dub ? En fait, c’est toujours pareil. Comme je le disais à l’instant je suis un collecteur de son. Je suis un collectionneur de sons et mes projets solos sont faits de ces glanages multiples et divers. Du coup, j’ai ma petite caverne d’Ali baba, je suis un voleur de son. Comme beaucoup de musiciens, je m’inspire de ce que j’entends. Quand je trouve le temps et l’inspiration, ou plutôt quand l’inspiration me trouve, j’essaie de finaliser un peu tout ça et d’en créer des morceaux, des musiques instrumentales, des albums. Et, lorsque j’ai voulu m’atteler sur le premier Kheper je me suis aperçu que j’avais pas mal de pistes et pas mal d’idées. Comme il y en avait une bonne partie qui était inspirée par le dub, je me suis dit que j’allais le faire en deux parties. Donc la première partie est plus dans une lignée du Blue Prints, avec des tonalités trip-hop, lounge, etc. Il y a plein d’étiquettes pour parler de cette musique-là. Alors que le deuxième Kheper, Kheper Dub, est plus spécifiquement inspiré par les techniques du Dub, et donc par le Reggae. Mais c’est un peu la même source d’inspiration.
Extended Player : Sur Kheper ou Kheper Dub, pouvez-vous choisir un titre, nous expliquer ce qui lui a donné naissance ?
Imhotep : Sur mes samplers je m’amuse à faire tourner des boucles de diverses musiques du monde et de divers endroits. Et un jour alors que j’étais en train de m’amuser à faire mes petits bidouillages musicaux, je me suis retrouvé en train d’écouter un bérimbau brésilien, la musique de la capoeira, en même temps qu’un chant diphonique de Mongolie. Cela s’accordait parfaitement. J’ai trouvé ça magique qu’un chant de Mongolie arrive à se marier aussi facilement avec un Bérimbau brésilien. Du coup, cela m’a inspiré un morceau qui s’appelle « Pow-Wow in Bering-Bow » qui est sur Kheper. C’est un album où il y a des échantillons musicaux qui arrivent du monde entier.
ExtendedPlayer remercie Imhotep et le BabelMed Music pour cette interview.
CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :
- Rédactrice en chef adjointe et webmaster d'Extended Player. Amoureuse du rap français et des bonnes punchlines, je pilote la section rap du mag depuis que j’ai 11 ans (oui, déjà !). En parallèle, je suis communicante freelance et chef de projet web, avec une expertise en e-commerce. Toujours connectée, toujours à l'affût des sons qui parlent et qui touchent !
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