Retour au front de Marsatac Samedi avec une prog alléchante d’électro et de hip-hop !

« Y’a plus de shorts en jeans que de meufs qui rentrent dedans. » Les festoches, c’est aussi des mots poétiques, saisis au hasard des déambulations. Le public est plus clairsemé que la veille en début de soirée, jusqu’à l’arrivée sur la scène extérieure de Nekfeu. Les quadras venus pour IAM sont restés à la maison et les jeunes ont mis du temps à remplir les immenses espaces du Parc Chanot, mais vers 21h-21h30, la foule était aussi dense que la veille.

Nous aussi on est arrivé tard, et on regrette un peu de ne rien pouvoir dire sur le premier groupe qui avait l’air sympa.

Le second concert commence: Rejjie Snow ! Arrivée d’un DJ noir, vêtu de noir, aux lunettes de soleil vertes fluo : contraste fort. Ça commence par un « We love Marseille » et un gros son HipHop balancé comme ça, sans prévenir. Autant vous dire qu’on se ramène tous pour comprendre ce qu’il se passe. Le son est lourd, le sol vibre, les basses se font ressentir et les tympans se demandent s’ils vont tenir le coup. Le deuxième morceau suit. C’est toujours HipHop mais cette fois, la flûte adoucit l’ensemble et apporte sa touche mélodique. Le DJ nous lâche un « Marseille are you ready??? ». On a tous l’eau à la bouche, what next ?

Le Mc apparait enfin : mince, casquette bordeaux et non pas sans flow ! Les Anglos-Saxons sont dans la place, enfin non, les Irlandais sont dans la place! On tape tous des mains. Clap, sourire aux lèvres. Nigga ou pas, on apprécie la vibe : HipHop et dansante, fraîche et vibrante. Des refrains chantés en français apportent une touche féminine à l’ensemble. Les deux gaillards assurent sur scène, ils nous apportent des morceaux tant énergiques que mélodiques : une vraie révélation. Léa est refaite, ce sera Sa découverte de Marsatac 2018, artiste à suivre ! Le seul bémol : L’espace est grand, la scène impressionnante, une petite sensation de vide, comme pour Lomepal, est dure à dissimuler.

On s’est ensuite rendu dans le palais Phocéen, pour voir J.I.D. & Earthgang. Il n’y a quasiment personne dans la salle, on n’est pas sûr que ça ait commencé, mais surtout on tombe des nues. On ne s’attendait pas à voir un espace si vide… Les deux DJs mixent dans une lumière bleue, le son est bon, ils essayent de chauffer le public qui est un peu trop dilué dans le grand espace pour que ça prenne. Entre deux musiques, deux MCs arrivent et commencent à mettre le feu sur scène. Bon flow, bonnes instrus, leur rap US commence à prendre. Leur style apporte une touche distinctive : couleurs et tissus africains sont mixés avec du street wear. Un des deux MCs gratte des joints au premier rang lorsque l’autre déclame ses parties, difficile d’être plus près du public que de fumer des joints avec lui. La salle est toujours aux trois quarts vides, mais l’ambiance a pris, on se régale. J.I.D. prend la suite. Le flow est technique, ça part en fast. Les deux MCs de Earthgang reviennent sur scène aux côtés de J.I.D. : concert bluffant, Léa est séduite. Et qui dit peu de public, dis intimité. En fin de show les artistes viennent tchatcher avec les présents, selfies et checks sont aux rendez-vous. Les quelques passionnés encore dans le coin leur dédient une vraie ovation, ovation marquante teintée de chants marseillais pro-OM, un cadeau qu’on ne leur fera pas aux États-Unis !

Pendant ce super concert, on arrive tout de même à glisser un oeil à Wilko & Ndy. Ce n’est pas qu’on ne les aime pas, c’est plutôt l’inverse. Ces deux jeunes marseillais ont su nous prouver leur talent à mille reprises. Du coup, cette année, Léa les a vu plus de quatre fois en concert. On avait également remarqué leur implication dans la vie marseillaise à l’occasion de leur participation bénévole au festival « Quartiers libres », il y a quelques années. Quelques jours plus tôt, ils ont même fait le pré-event Marsatac à Citadium. Pour eux, les scènes commencent à devenir nombreuses, on voit que ça leur plait. 2018 marquera certainement l’année de leur émancipation ! Ces quelques minutes passées dans la salle nous prouvent que les mecs évoluent vite : le professionnalisme est de plus en plus présent. Ils sont jeunes, mais c’est carré, cadré, propre, et en plus, à mi-chemin entre tous les courants Rap que l’on croise en ce moment.
Au Grand Palais, c’est Kokoko ! qui déroule son électro matinée d’afrobeat, vitaminée aux percussions. Les musiciens sont dans des combinaisons qui font penser à celles des tôlards. Venus de Kinshasa, ils ont amené leurs instruments de récupération qui font le style et le charme de leur son. Conserves, bidons, objets plastiques ou métalliques indistincts sont agencés, recyclés, fusionnés et donnent des instruments au timbre parfaitement maitrisé pour un son électro classe et déjanté. Est-ce que ce sont des reproductions d’instruments traditionnels ou des instruments uniques développés seulement pour les besoins de Kokoko ! ? Difficile à dire, dans tous les cas la fosse bouge, ça se déhanche, le public est séduit. C’est tellement bien qu’on se met en retard pour Nekfeu ! Le rappel survolté ne nous l’a pas fait regretter.

Nekfeu était certainement l’artiste le plus attendu de la soirée. Le rappeur pose son rythme, dessine son ambiance, de nombreux featurings viennent le rejoindre, à un moment il n’est même plus sur scène ! Difficile de comprendre ses textes, difficile de comprendre le nom des invités. Après tout, les musiques on les connait, et ce n’est pas toujours la diction qui fait le flow. On comprendra juste qu’S.pri noir ne compte pas parmi les présents. La température monte vite dans la fosse où les pogos s’enchainent, orchestrée par le maître cérémonie Nekfeu qui demande des cercles toujours plus grands au cœur de la foule. Un décor assez dépouillé sinon les deux murs de projecteurs qui encadrent les MCs et en imposent. Nekfeu tee-shirt noir, casquette noire, jogging noir. Sur la scène extérieure surmontée d’un long crépuscule et d’un magnifique croissant de lune, on kiffe, rien à redire. Le pic de l’ambiance de ces deux soirs ? A voir, la soirée n’est pas finie, il faut jouer des coudes pour être bien placé dans le Grand Palais au concert de Nasser.

Selon Vincent, il n’y a pas à dire, un des concerts les plus originaux proposés par cette 20e édition. NASSER c’est un son puissant qui allume une ambiance de dingue. Avec leurs costumes rouge et noir et un décor scénique subtil fait d’un écran en fond de scène, mais pas que, ça fait plaisir de s’immerger dans un univers visuel travaillé et très esthétique. Une étrange bouche rouge semble chuchoter sur grand écran le chant des musiques, c’est stylé, raffiné. Simon est en place, Nico nous exalte avec sa batterie de génie… Comme Kokoko !, on est sur de l’électro, mais on a aussi des musiciens pour jouer la musique, pour rappeler que la technique, ce n’est pas que sur logiciel que ça se travaille. Un vrai bonheur.

OK, maintenant il faut vraiment décoller sinon on va louper Moha Le Squale… Et ça aurait été une énorme erreur ! Palais phocéen plein à craquer, le Squale est seul sur scène, torse nu jogging, on dirait un boxer qui va monter sur le ring… Ou qui a déjà fait évacuer son adversaire. La rage est palpable et nous sommes surpris par un public qui connait toutes les paroles, toutes les musiques, avec de grands pogos qui se déclenchent… La plus petite des trois salles et peut-être la plus grosse ambiance de tout le festival, au moins rivale à celle de Nekfeu. Sons hip-hop, sons cubains, Moha nous fait voyager, on suit son charisme, probablement aussi imposant que son égo. Il est tout seul sur scène, sans même un backer, juste un DJ qui le fait acclamer comme un entraineur de boxe fait acclamer son meilleur cogneur. Mais il y a une proximité avec le public, un sourire de gamin, une sincérité, peut-être la vulnérabilité que communiquent ses textes… ça tempère le côté rappeur caïd, et ça fonctionne super bien. Son seul feat, un gamin de cinq ans qu’il tient dans ses bras, les oreilles protégées par un casque de chantier… Tout en nuance, un peu grand frère tourmenté, un peu apache du quartier carrément énervé. On était à la bourre sur cet artiste, mais c’est sûr, on n’a pas fini de voir Moha le Squale et il faut se mettre à la page.
Les oreilles sifflent, on s’égare entre l’espace pro et des stands à selfie un peu perchés… On reste un moment devant Paul Kalkbrenner qui a une qualité de son admirable, des musiques aériennes et un film live (ou qui en donne l’impression), de ses mains en train d’assurer le mix avec un effet kaléidoscope original… On entend des remix de musiques connues comme Mad World de Tears For Fears, version Gary Jules, très bien interprétée. Le mix est super efficace, mais un peu clubbing/boite à notre gout.

Tout le monde nous dit de ne surtout pas rater Hungry 5, alors on enchaîne au Grand Palais pour un show psychédélique et coloré, des sons synthétiques planants, très authentiques, c’est de l’original, loin de l’électro qui a un goût de préfabriqué. Vraiment bien.

Un dernier saut à Ross from friends, qui déroule ses nappes de clavier sur un beat préenregistré. Un son assez minimaliste, mais pas particulièrement original. Un peu fatigué ? Un peu blasé par tout le son entendu ? Ça commence à sonner très boite de nuit, y’a du boumboumboum de partout, et après deux soirées de folie, Vincent jette l’éponge et rentre se coucher ! Léa tient un peu plus longtemps, elle ira voir le début du dernier groupe, mais l’ambiance est plutôt à la discussion entre collègue. L’espace pro s’est vidé, notre ami le singe et ses whiskies ont disparu, le public commence a établir des stratégies pour voler les décors. Les palmiers gonflables ont la palme de l’objet le plus primé de l’événement. Ça sent la fin de soirée. Retour au bercail.
L’aventure continuera pour certains, sur une de nos belles plages marseillaises. On ne sera pas de la partie. On apprendra le lendemain que Marsatac a battu son record de fréquentation : 35 000 festivaliers sur les 3jours . Pari réussi.

Suite des chiffres : 31 lives sur scène, 300 journalistes, 1500 professionnels accrédités, 350 bénévoles ! En effet ce n’est pas rien !
On vous donne rendez-vous les 14,15 et 16 juin 2019, pour la 21° édition !

Lien vers le report du jour 1 : Ici

CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :

Léa & Vincent
DERNIERS ARTICLES DE L'AUTEUR:

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *