Les trois Tomes de « Vernon Subutex » par Virginie Despentes

J’étais fan de Vernon Sulivan, on m’a conseillé de lire Vernon Subutex. J’ai donc plongé dans ces trois tomes qui m’ont tenue en haleine.

Vernon, le personnage principal, est le fruit d’une époque qui s’éteint. Disquaire d’un certain âge, il voit l’Industrie du disque s’effondrer. À travers son parcours, on constate les déboires de cette société qui met vite de côté ceux qui n’ont pas su s’adapter, se plier aux règles du moderne, de la consommation, de l’économie à tout prix.

Vernon sombre et n’ose pas poser les yeux sur son propre déclin. Son magasin ferme. Les emplois ne courent pas les rues pour quelqu’un de son âge. Un jour, il se fait expulser de son appartement. Il n’a rien vu venir. Il se retrouve sans rien, enfin presque rien : Un lot de cassettes, d’enregistrements, dans son baluchon. Tout part de là. Il squatte alors chez les personnes qui côtoyaient à l’époque son magasin.C’est à cet instant qu’on part à la rencontre des personnages clés de ce roman : de l’artiste, à l’ancienne star porno, du gars simple accolé au bar, à la femme empathique mais pleine de bonne volonté, le tout en passant par la SDF d’extrême gauche revendicatrice, l’étudiante musulmane, la tatoueuse à ses heures perdues, le trader cocké, le facho perdu. Tout y est. C’est un parfait reflet des hétéroclycités de notre société. Le point de vue omniscient du texte permet de s’immiscer dans la pensée de chacun. On ne peut être conquis par les idées de l’un sans comprendre celles de l’autre. Tout s’explique et tout est expliqué.

L’auteur retranscrit parfaitement les complexités de chaque sujet, de chaque idéologie. Ce livre permet de se transfuser dans des identités portant des convictions inversées, contraires aux nôtres, tout en nous transposant dans celles avec lesquelles on s’accorde. Ce livre permet donc de s’ouvrir, de faire un pas vers ce qui nous débecte. Mais il retranscrit aussi ce monde où la liberté d’expression et la profusion d’images et d’informations à tout va autorise des pensées noires à faire leur chemin, à s’installer dans l’inconscient de chacun. Haïr son prochain, se désintéresser du quotidien des autres, devenir raciste, s’autoriser la haine, l’envie de tuer, autoproclamer son smartphone comme souverain de notre propre vie : tant d’absurdités qui pourtant s’implantent et se propagent.

À travers ce groupe d’individualités réside un point en commun : ils cherchent tous le bonheur et comprennent que la société décline, qu’il convient de construire une alternative, un espace-temps régit par d’autres règles. Au court du récit, ils la trouvent, s’offrent une parenthèse, un paradis qu’ils partagent gratuitement avec autrui. Mais ce paradis a un coût. Qui ne se plie pas à ce que les sociétés imposent ne s’en sort pas si facilement. Ils nous entraînent dans une histoire enivrante, emplie de réalités, de rêves, mais aussi d’horreurs. Ce récit reflète notre société, sa bulle de conneries, ses actualités, sa future chute peut-être…

Mais en plus de nous embarquer dans les mésaventures des personnages, Virginie Despentes nous balance une ovation au rock : le bouquin regorge de références. La musique est le fil conducteur de cette œuvre.

Vernon Subutex de Virginie Despentes : une histoire à lire, qui ne laisse pas indifférente.

CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :

Léa Sapolin
Rédactrice en chef adjointe et webmaster du Magazine.
Passionnée de HipHop français et de musique à textes, en charge de la partie rap du magazine depuis mes 11ans.
Chargée de communication à mon compte et chef de projet Web à Oxatis.
Projet perso en cours : www.omega-13.fr

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