Violent Femmes, c’est la musique de groupe à l’état pur. Quatre gars qui jouent ensemble sans se prendre la tête autrement que pour tirer le meilleur d’une énergie spontanée. Celle qui porte l’individu lorsqu’il se sent à l’aise avec ses copains. Et lorsque les potes en question ont pour point commun la musique, cela donne ce fameux résultat qui ne sonne comme aucun autre. Dès « Another Chorus », on sent cette liberté par laquelle inspiration rime avec imagination. Une histoire de groupe, de refrain, avec des chœurs, une guitare acoustique au son feu de bois. Une musique qui se rapproche du folk, de la country, du rock, du punk, et qui, au final, n’est rien de tout cela. Rien ou plutôt un concentré. La voix de Gordon Gano colorise encore plus ce son unique. Pour enfoncer le clou, Gordon chante, avec Stefan Janoski, un déterminé « I’m Nothing », en épelant ce rien de multiples fois. Pas de prétention donc, sinon ce rêve exaucé : accueillir Tom Verlaine en personne – leader guitariste de feu Televidion-repère historique des années 80. Tom Verlaine qui va enrichir de ses parties de guitare le titre éponyme de l’album, « Hotel Last Resort ». Une grande fierté pour les Violent Femmes, d’abord parce que Tom a répondu par l’affirmative à l’invitation du tac au tac. Et puis parce qu’avec toute la liberté qui lui était donné, il s’est investi dans le titre exactement comme l’avaient espéré les VF, d’un jeu tout en nuances, assez différent de ses interminables et célèbres solos. Il y a du calme (« Everlasting You », « Paris To Sleep »), du nerf (« It’s All Or Nothing »), et toujours beaucoup de poésie. Les Violent Femmes survolent le monde du rock et de la pop. Leur chemin n’est pas une autoroute vers l’objectif d’une victoire égocentrique. On sent bien qu’ils se foutent de tout cela. « I’m Gonna Cry » surprend, comme un folklore klezmer avec sa clarinette sautillante, mais ne dépareille aucunement. « This Free Ride » nous conserve avec eux dans ce trip débridé à leur sauce, capable autant d’humour que d’engagement. Débridé toujours avec « Sleepin’ At The Meetin’ » et son flow verbal délirant, juste avant un final « God Bless America » hyper solennel. Dans quel sens le prendre ?! Un album à conserver précieusement parmi ceux que l’on considère comme de très belles exceptions.
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