Des efforts qui paient. Ou tout simplement du bon goût. Bazar Bellamy chante en français. Et autre chose que du n’importe quoi. Là où l’on comparait facilement Eiffel à Noir Désir, ici on aura envie de passer le relais. Effectivement, on pense à Eiffel. Pour la diction et la projection des mots surtout. Mais heureusement, il n’y a pas que ça. La construction d’un titre comme « Démodé » positionne le combo au-dessus de la mêlée. Excellent équilibre entre la nervosité tranchante des guitares et les synthés œuvrant tout en fausse discrétion, proposant des couleurs supplétives à ces grandes envolées rock’n roll (Intransigeante intensité de « Découvrir La Lumière »). Quand il faut marteler, ça le fait : « A Tout Jamais » a le son, celui qui pose et jalonne de ses scansions de basse un morceau tout aussi déterminé : solo gravé dans le roc, lyrisme vocal. On retrouve ces ingrédients au fil des sept titres qui constituent cet album. Le crapaud sur la pochette a de la chance. La voiture qui arrive semble s’être immobilisée. Est-il prévu de l’écraser ou de l’épargner ? Les mots dans ces chansons sont un peu à cette image, témoignant de la difficulté d’asseoir des certitudes dans une époque où tout est possible sans pour autant que l’utopie trouve encore une place. La biographie cite Maupassant et Kipling rencontrant le rock. C’est le point fort de Bazar Bellamy qui sait pertinemment que dans la création artistique – en matière musicale/les musiques actuelles comme on dit -, l’expression mérite le meilleur. Et, au lieu de se présenter comme un énième groupe français, nouveau et non novateur, BB a choisi de s’inscrire sur le registre pur et dur d’un rock « avec des mots ». Une évidence qui finalement apparait comme une fabuleuse singularité. Monsieur Georges, le leader, est un ex-Lagony. Une piste de compréhension pour les connaisseurs. Signalons aussi que l’album a été enregistré au studio Black Box et que Nicola Bonnière en signe la réalisation. Infos pour amateurs de détails qui comptent. Ceci pour signaler un album d’une qualité maîtrisée et d’une redoutable efficacité.

CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :

Marc Sapolin
De l’organisation de concerts aux interviews d’artistes il n’y avait qu’un pas. Plus de vingt-cinq ans de rencontres avec les artistes et toujours la passion de la découverte.

Commentaires

  1. Salut Marc, tu as tellement bien saisi le propos du Bazar Bellamy,que ça en est touchant. C’est comme un miroir de notre pensée, mis à jour et éclairé par des mots nouveaux et en particulier en ce qui concerne le ressenti sur notre époque. De beaux mots sur un album qui nous tient viscéralement à cœur.
    Mercis chaleureux de notre part, le Bazar Bellamy.

    1. Réponse elle aussi touchante. Je trouve quand même relativement agaçant cette priorité donnée trop souvent par des groupes français au chant en anglais, que ce soit pour s’internationaliser ou tout simplement parce que ça passe mieux dans le rock’n roll. L’intérêt de la musique, de la créativité en tous les cas, est d’exprimer avant tout quelque chose qui soit le plus personnel possible. Cela n’exclut pas de ressembler à d’autres ni de puiser dans des références existantes, ce serait d’ailleurs bien difficile autrement. Mais ce qui est important, c’est surtout d’avoir des choses à dire. Le grand regret actuel (pour moi) c’est justement cette insignifiance entendue généralement. Pas de ça chez Bazar Bellamy. Et c’est ce qui est remarquable. Merci beaucoup pour ce retour Georges et excellente continuation à toi et au groupe. Marc

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