Narratrice féline, Bastet, la petite chatte parisienne, raconte cette histoire extraordinaire. Bien ancrée dans un présent visionnaire, puisque le monde est en proie à la violence issue de la folie extrémiste des hommes, l’aventure commence lorsqu’elle rencontre Pythagore, un mâle étonnant, car particulièrement éduqué et érudit. C’est que celui-ci dissimule, sous le capuchon placé derrière sa tête, une prise usb directement reliée à son cerveau. Un chat de laboratoire que l’on connecte régulièrement sur ordinateur pour un accès sans limite à la connaissance via internet. Ainsi va-t-il faire l’éducation progressive de Bastet, lui apprendre le monde des hommes, et revenir sur la relation particulière de ceux-ci avec les chats dans leur déjà longue histoire. Le jeu des symboles, initié par l’auteur, ne serait-ce que par les noms donnés à ses héros, semble disposé à s’imposer tout au long des chapitres du roman. La fiction, naturellement libérée de l’imaginaire débordant de Bernard Werber, s’appuie de fait sur un ensemble d’éléments concrets qui donnent une consistance toute particulière à cette vision du monde au travers du regard des chats. A l’issue de cette lecture, il ne sera plus possible de considérer l’animal comme il était possible de le faire auparavant. Si le chat considère être le maître de celui qui s’en occupe, cela inverse le rapport. Si l’on se place effectivement sous cet angle, la compréhension est soudain complètement inversée. Et il est très facile alors d’envisager une toute autre appréciation de la relation. « Demain les chats » va aussi loin que possible, au point d’envisager la mise en œuvre de projets organisés, sans l’appui des hommes, alors qu’autour tout s’écroule. Peut-être pas sauver le monde, mais au moins donner une chance de survie aux chats. Ce roman, c’est un peu comme si un nouveau réveil, d’un niveau sensiblement identique à celui d’envisager enfin une vision écologique du monde (depuis déjà bien des années bien sûr), sonnait l’heure aujourd’hui d’un autre regard sur tout ce que compte l’humanité d’êtres vivants. N’y aurait-il pas une possible complémentarité salvatrice bien cachée là, dont nous aurions tellement à apprendre ?
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