Album « chant du cygne », posthume, de Slow Joe, clochard indien céleste dont l’étonnante histoire constituerait sans peine l’inspiration d’un roman fort. Ou comment le destin autorise parfois des rencontres inédites. En 2007, dans la région de Goa, ce fut celle de Cédric de la Chapelle, musicien français, avec Slow Joe, poète des rues, déployant par le chant un imaginaire empreint de blues et de spiritualité depuis une bonne cinquantaine d’années. De retour en France, le musicien, armé d’enregistrements a capella de Slow Joe s’est mis au travail dans son home-studio de Lyon, réalisant des maquettes qui, de fil en aiguille, parvinrent à Jean-Louis Brossard, responsable des Transmusicales de Rennes, tombant aussitôt sous le charme et « exigeant » la présence de Slow Joe pour la prochaine édition du festival. Sans entrer dans les détails de la suite de l’aventure, Slow Joe s’installa en France et débuta une « vie d’artiste » avec enregistrement d’albums et tournées avec le quatuor monté par Cédric avant et pour le tout premier concert de Rennes. Deux disques sont parus en 2011 et 2016. C’est lors de l’enregistrement du troisième opus que, le 1er mai 2016, Slow Joe s’est éteint, à l’âge de 73 ans. « Le Me Be Gone », qui porte bien son nom va finalement bien au-delà d’un album posthume, c’est un hommage délicat et puissant au personnage. Il y a dans ce répertoire quelque chose d’intègre, atypique et remarquable. Cela un peu dans l’esprit de la chanson « In A Death Car » chantée par Iggy Pop sur une musique de Goran Bregovic. Mais ici, les mélopées instrumentales le plus souvent croisées sont indiennes, forcément (« Candy Sparkles », « Black Moon »). Et beaucoup de parties de claviers posent généralement les ambiances, soit du côté d’une forme épurée d’électro (intro de « Go Down The Pusherman », une chanson contre les dealers d’héroïne, « Swing Your Love » ou « My Sway »), ou alors distinguant une particularité d’ambiances généreusement liées aux textes (« Temple Mosque Church », « I Was A Stooge » et son intro saturée). Un disque qui mérite la plus grand attention, aussi précieux que le « Night Songs » de Nusrat Fateh Ali Khan et Michael Brook, c’est dire. Ce ne sont pas les mots pour en parler qui comptent, mais les oreilles pour écouter, et l’âme pour accueillir les vibrations expansives de Slow Joe & The Ginger Accident, un groupe qu’il ne faut surtout pas sous-estimer.
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- De l’organisation de concerts aux interviews d’artistes il n’y avait qu’un pas. Plus de vingt-cinq ans de rencontres avec les artistes et toujours la passion de la découverte.
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