Sixième album déjà pour Da Silva. Au départ, sa musique développait des univers assez proches de ceux de Yan Tiersen, particulièrement dans l’utilisation des instruments et dans certaines constructions mélodiques. Néanmoins la similitude s’arrêtait là. Da Silva écrit surtout des chansons, qu’il prend un savant plaisir à embellir avec de riches arrangements, principalement mélodiques. Aujourd’hui, il y a forcément évolution, mais le principe repose sur une base tout aussi solide. Dès « La Seule Personne » qui ouvre le disque, la tentation baroque s’impose, à la manière d’un Gainsbourg arrangeant son « Initial BB ». Ici, il est dit « La seule personne que j’aime c’est toi… Je me fous de la note, du montant de la dette. » Donc rien n’a de prix, la valeur du sentiment reste inestimable. Alors la musique avance, telle un trésor que l’artiste présente dans toutes ses splendeurs, jamais minimaliste, mais n’œuvrant jamais non plus dans des excès surannés. « La Fille » est embellie de cordes enveloppantes pour cet homme qui a choisi de se mettre dans la peau de son héroïne, libertine. Il y reviendra en fin d’album avec « La Fille 2 ». Celle qui dit « Je suis de celles qui disent pardon lorsqu’il faut dire merci. Je suis de celles qui partent avant qu’on leur rende la monnaie », « préfère partir sans une question, sans regret, sans au revoir, le cœur léger ». L’humeur d’un répertoire décidé à se défaire de tout jugement extérieur, en acceptant autant ses défauts que ses qualités, prenant plaisir à évoquer tant les craintes existentielles, comme dans « Nos Vies Solitaires » : « Nos plaisirs partagés, c’est un bien joli leurre », ou osant la parabole parfaite entre l’amour et un de ses héros : « Comme John McEnroe je te prends de court Lorsque l’amour s’écroule au fond du court ». Da Silva aime la beauté du timbre instrumental, l’osmose des combinaisons sonores, et puise sans retenue autre que celle du souhait de perfection, aussi bien dans les ressources classiques que dans celles du rock ou de l’électro. Un résultat irréprochable et remarquable qui ne laisse rien au hasard, ni les mots, ni la musique, car, quoiqu’il arrive, « Vivre en apesanteur, c’est beaucoup plus léger » (« Sourire En Sortant »), même quand « Les procès d’intention, les mauvais coups du sort font les réputations » (« La Mauvaise Réputation »). Et si la musique avait ce pouvoir fabuleux, une compagne universelle toujours là pour transcender la moindre douleur en acte créatif immunisant ?
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