Champion du titre à rallonge avec « This Town Ain’t Big Enough For Both Of Us », pour les premières fois que le groupe faisait parler de lui dans les années 70, avec, pour autre signe de distinction, l’image des deux frères Mael, en duo de base, tellement différents dans le look et l’attitude, l’un exubérant, Russell, l’autre aux limites di cynisme, Ron (en apparence seulement, avec sa moustache de führer et son flegme permanent). Quarante ans après, les voici de nouveau, plus vivants que jamais, carrément sur le devant de la scène avec un long album de quinze titres. Comme s’il fallait rattraper le temps, alors qu’ils n’ont pas vraiment chômé depuis. L’ouverture se fait avec « Probably Nothing » qu’introduisent gentiment quelques accords de piano plaqués comme un exercice de travail, avec des paroles qui mettent d’emblée l’auditeur au parfum « Je voulais te dire quelque chose, mais j’ai oublié quoi ». S’agit-il de tromper l’ennemi ? Car, dès la chanson suivante, nos Sparks se la jouent acrobates, dans les envols vocaux, dans le texte, une « position du missionnaire » fidèle à cet univers délirant propre au groupe, pas si éloigné des penchants « Bohemian Rapsody » de Queen. Puis c’est un hommage à la France, ou, plus précisément à Edith Piaf, qui le dirait mieux que Russell Mael « Je ne regrette rien ». « Hippopotamus » est un album consistant, aux saveurs délicates et saugrenues, une interdiction à l’ennui, un empêchement de tourner en rond, de se morfondre. Quand les paroles affirment : « Vivre vite et mourir jeune, il est trop tard pour cela », justement dans le titre « Edith Piaf (Said it better than me) », nos deux hommes, âgés de 68 et 72 ans, sont la preuve vivante que la jeunesse n’a pas d’âge, que tout se passe dans la tête. Mais aussi que la musique est un formidable vecteur de vie. Les Sparks ont un style, celui qui se targuerait d’en être un en n’en ayant justement pas. Une musique pop, aux sonorités hyper actuelles, emprunte de sonorités synthétiques, en permanence liée aux caractéristiques vocales repérables (une référence que Mika ne renie sûrement pas). On aimerait disséquer cet album, chanson après chanson, la fraîcheur de « What The Hell Is It This Time », les guili-guili de « Giddy Giddy »… mais autant envisager l’écriture d’un roman. Alors laissons-nous porter à la rêverie.
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