Epatant comme ce groupe n’a rien perdu de sa puissance. Lorsque l’on sait qu’en plus cet album a totalement été enregistré en live, dans des conditions studio (public silencieux) à l’ED&N de Sausheim dans le Haut-Rhin, on ne s’étonnera guère de retrouver, dès l’intro, cette force implacable dont le groupe a su faire montre depuis déjà quatre décennies. Il est vrai que le genre musical est aujourd’hui totalement absent des grandes fenêtres médiatiques – mais l’a-t-il seulement été un jour ? Toujours est-il qu’Ange a su, grâce à la persévérance de Christian Descamps et de sa belle équipe de musiciens (qui participent tous à la composition des titres), rester fidèles à un public tout aussi fidèle. Alors les médias !!! Peu importe vraiment. Christian Descamps est un conteur, un acteur aussi. Il vit, aussi bien que le Brel de « Ces Gens-là » dont il interprète encore ce moment d’anthologie lors des concerts – instant toujours aussi attendu. Il conceptualise souvent les albums du groupe. Celui-ci, qui fête justement quarante années de créativité, avec ce titre qui évite le jeu de mot facile s’il était précédé de la lettre d, inscrit à l’intérieur de sa pochette cette phrase de Jacques Prévert : « Et si on essayait d’être heureux, ne serait-ce que pour donner l’exemple ? ». C’est exactement ce que le groupe entier s’évertue à démontrer tout au long de ces nouveaux titres. Le son du groupe accompagne comme il sait le faire la poésie passionnée de Christian. La guitare de Hassan Hajdi sature ses accroches, peaufine ses solos, joue sur l’émotion, alors que les claviers de Tristan Descamps – le fils -, colorient savamment des ambiances idéales, de l’orgue, du piano, des sons venus d’ailleurs. Thierry Sidhoum à la basse et Ben Cazzulini à la batterie, démontrent avec cette tradition propre à Ange combien une section rythmique peut être vivante et dynamique, au service total de l’interprète. On pourrait tant en dire sur chaque chanson, mais tellement cet album est un tout, les textes s’imbriquant souvent, précédés ou non de prologue, évoluant parfois en odyssée, ne citons que « Sens et Jouissance » avec son « Sur le gazon humide d’un jardin pudique, mannequin de pisse, femmes-fontaines explorent les plaisirs à boire jusqu’à la lie, à s’inonder l’abdomen. C’est comme un hammam au bord des lèvres. » Et, au-delà du plaisir des sens, la ligne directrice tournée vers une joie recherchée, contrer le malaise ambiant d’une société maussade où l’homme s’oublie. Ange est au meilleur de sa forme, et c’est une excellente nouvelle. Boire sa potion, c’est reprendre un grand bol d’énergie pour vingt ans.
Plus d’infos sur : https://www.ange-updlm.com/
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