Un registre musical qui s’impose d’office dans la ligne éditoriale d’Extended Player. Pas besoin d’aller chercher plus loin que dès les premières trois secondes. Un son qui ne ressemble à aucun autre, et pour cause, Julien Dexant est aux commandes d’un quatuor très particulier. Lui est à la guitare et au chant, Manue Bouriaud au violon alto, Eric Proud à l’accordéon et Fabrice Barré à la clarinette basse. A part peut-être The Delgres, le trio créole de Pascal Danaë, dont on parle beaucoup en ce moment, peu de comparaisons paraissent possibles. L’atout supplémentaire de cet album tient dans les arrangements écrits par Fabrice Barré, une réussite particulièrement empreinte de finesse et sensibilité, jouant sans grand écarts entre vision classique (« Hermitage », « Virgin Lily ») et tendances musiques actuelles ((« 9mm Gun », le titre qui pourrait évoquer la musique des Delgres par sa gravité et consistance). La clarinette basse joue à merveille son double rôle, musical et rythmique, alors que l’accordéon apparait comme le ferait une guitare par ses lignes mélodiques, ou un synthé, tout en conservant le grain particulier et naturel de l’instrument (« The Word »), les pizzicatos de l’alto imprégnant la chanson d’une humeur baladeuse. Et cette association clarinette basse-accordéon donne une ampleur organique d’une consistance impressionnante (« Virgin Lily » encore). Ailleurs, ce sont des chœurs très évocateurs (« Undertaker ») qui donnent un supplément d’âme à la chanson (l’œuvre ?). Il y a dans le fond ce petit quelque chose des Beatles, esprit album blanc, parce que l’on pense à Paul Mc Cartney chantant « Blackbird » sur « Night Light » le titre d’ouverture, mais aussi par ces options avancées dans un esprit découverte, nouveauté et différence, ou comment aller de l’avant sans rester englué dans la redondance des clichés. Une écoute au casque s’impose presque au vu (entendu) de la qualité de l’enregistrement. On regrettera juste que toutes ces chansons soient chantées en anglais, une tendance actuelle qui a tendance à rendre beaucoup plus insignifiantes toutes ces productions musicales. Elles auraient sûrement gagné encore un petit plus avec la langue de Charlemagne, mais pour cela, on ne peut pas non plus se permettre de faire n’importe quoi. Respectons le choix de l’artiste. Les textes sont ici quasiment tous signés par l’écrivain Alexis Ragougneau, en étroite collaboration avec Julien Dexant. Ajoutons que cet album est autoproduit. Résultat : grande classe. Bravo à toute l’équipe et à David Dosnon à la prise de son et au mixage. Et soulignons par ailleurs le soutien du Théâtre Auditorium de Poiriers (où l’album a été enregistré). Dernier détail, un certain Seb Martel a laissé courir ses doigts sur les guitares de certains titres, et même un peu de lap-steel. Trois ou quatre étoiles ?
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