Incroyable répertoire. Première écoute discutable. Guillo propose de la chanson d’apparence tranquille et bien orchestrée : quoi de neuf Docteur ? Il y a pourtant quelque chose, un truc qui semble important. Oui, bien sûr, les paroles. Les textes de Guillo ont une profondeur inhabituelle. On réécoute, histoire de ne pas passer à côté d’un projet à l’authenticité non discutable. Et l’on fait bien, parce que très vite, on découvre le pouvoir séduisant de mélodies devenant pour ainsi dire toutes imparables. Encore un disque qui se mérite, qui demande un tout petit effort. Une fois dedans, plus aucune envie d’en sortir. Quelque soit le sujet, la maison vendue (« Vendu »), le cœur fragile (« Ton Cœur »), les territoires indiens (« Sans Fusils, Sans Or, Sans Trains »), Guillo raconte et réussit, par l’extrême qualité de ses refrains à maintenir non seulement l’attention, mais un plaisir tout particulier, porté par la beauté des mélodies, leur entrain, et la subtilité des arrangements musicaux (« La Neige »). Il y a un engagement évident dans le discours, mais un engagement subtil, argumenté, imagé, apolitique aurions-nous envie de préciser. Apolitique parce que concerné par l’universalité de la condition humaine, de ses forces et de ses erreurs, de ses devoirs, de ses faiblesses. Il suffirait de comprendre le pouvoir de la complémentarité, de savoir apprécier la beauté, de comprendre le sens du partage et du respect, celui de l’homme avec les hommes, celui de l’homme avec la nature, pour que le monde meilleur existe. Comme l’utopie de ce projet reste au fil des siècles une grande utopie, alors lançons quand même ces messages encourageant la recherche d’un savoir-vivre en tant que philosophie salvatrice. Rien qu’à l’écoute du dernier titre, « Le Bruit Des Balles », la mise en scène sonore suffit à pointer avec subtilité l’observation-analyse des luttes inutiles. La touche musicale, réalisée avec grande intelligence, donne une dimension positive, une impérative espérance, au-delà des désastres, tout simplement parce qu’à l’intérieur de chacun bat un cœur qui, s’il donne l’impulsion et le rythme, est aussi en accord avec les émotions, donc la sensibilité. Alors, au lieu de crier des slogans, Guillon sensibilise. C’est une poésie avec un grand P. Une poésie « de fond » : « Nous aimions la terre, nous y étions né, nous aimions la terre et n’avons pu rester. » Mais pas que du fatalisme ou du pessimisme. Ecoutez et prenez plaisir à chantonner avec Guillo « Une Autre Fille », vous verrez, « Ce soit tout baigne dans le bonheur » (« Tout Baigne »). Artistique… et humain ! Bravo.
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- De l’organisation de concerts aux interviews d’artistes il n’y avait qu’un pas. Plus de vingt-cinq ans de rencontres avec les artistes et toujours la passion de la découverte.
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