Le monde n’est pas tout rose, les bisounours ne sont plus de ce monde. Les sujets graves se comptent à la pelle et, si l’inspecteur gadget était toujours d’actu, il aurait préféré inventer des trucs pour enterrer tout ça et rester l’esprit tranquille plutôt que d’imaginer une pelleteuse volante et sous-marine capable d’aller dégoter tous les sujets graves à traiter. Bref, l’heure est au déni. Même le rap retourne sa veste et dégaine ses pulsions chicha, frics et chill au détriment de son aspect rebelle et prise de position.

Heureusement on a deux super nanas qui vont au front : Juicy. Elles sont sympas, mignonnes, souriantes, et à mourir de rire. Mais, que neni, elles ne sont pas « nianniantes », ni « potiches ». Bien qu’elles se bougent le cul (elles dansent très bien), elles sont de celles qui revendiquent!

Leur technique d’attaque n’est pas le poing en l’air et l’arrogance, ni même une attaque « Fatal foudre » à la Pikachu. On aurait pourtant pu le croire puisqu’elles sont électriques autant que rock, pop et HipHop. Elles sont même musiciennes, chanteuses et danseuses à la fois : des super nanas, on vous a dit! Mais… comiques! Leur force, c’est leur sourire et leur humour.

Nous on est naze, jusqu’à présent on était passé au travers de ce phénomène, au point de ne même pas savoir qu’elles en sont à leur deuxième album. On va donc tenter de rattraper le retard, et les questionner.

Pour faire connaissance, est-ce que chacune de vous deux pourrait présenter l’autre?

Présentation de Sacha Vok par Julie Rens :

Sacha Vof a 26 ans, c’est une très grande musicienne. Elle a fait beaucoup de piano classique et c’est aussi une guitariste. Elle n’est pas autodidacte parce qu’elle a pris des cours, mais on ne peut nier son feeling avec les sonorités. Elle développe toute seule une musicalité assez puissante. C’est limpide pour elle dans sa manière d’interpréter, la musique coule de source. Je n’ai pas de plus grand défaut à lui attribuer. On adore travailler ensemble et les choses que l’une fait moins, l’autre le fait plus. On se complète vraiment.

Présentation de Julie Rens par Sacha Vok :

Julie Rens a 27 ans et toutes ses dents. C’est une incroyable musicienne et une incroyable chanteuse avec une voix magnifique, très sensible.  Elle n’est pas autodidacte par rapport au piano puisqu’elle a commencé son apprentissage à trois ans. Par contre c’est une autodidacte de la batterie. Julie joue de la batterie électronique et la gère avec énormément d’aisance alors qu’elle ne s’y est mise que pour notre dernier projet. C’est assez impressionnant. On ne s’improvise quand même pas batteur du jour au lendemain et elle si. Son copain batteur est très impressionné par son talent.

Quel est le premier morceau que vous avez interprété toutes les deux?

C’était il y a très longtemps, il y a 7 ans. Je pense que c’était dans un projet qui s’appelait « The white beak », qui veut dire blanc-bec. C’était un projet de gospel, il y avait nous deux, un autre chanteur et une contrebassiste. On reprenait des morceaux de gospel, c’était super cool. On a beaucoup travaillé alors qu’on n’a fait que deux concerts, mais c’était super chouette, car il y beaucoup de travail : on répétait deux fois par semaine et, en fait, on a appris beaucoup à chanter ensemble. C’est un peu à ce moment-là qu’on a remarqué qu’on aimait travailler ensemble et que nos voix se mariaient assez bien. Cela a lancé plein de petits projets avant de lancer Juicy.

Dans « Cast A Spell », il y a 5 morceaux. Pourriez-vous résumer chacun des morceaux en une valeur ou phrase?

Count Our Fingers Twice

Le premier morceau de l’EP c’est «Count Our Fingers Twice». Pour le résumer, je dirais « Cours vite ». C’est une vengeance de la femme-objet qui a été chantée pendant des décennies et des décennies. Là c’est un renversement de situation, une vengeance.

Mouldy Beauty

Après il y a « Mouldy Beauty», c’est un morceau qui parle de la chirurgie esthétique. Une phrase pour la synthétiser ce serait « montre ton boule » : Accepte ton boule, accepte ta gueule, ce n’est pas le botox qui va te rendre mieux (rires).

Die Baby Die

Le troisième morceau, c’est « Die baby die ». C’est une grosse blague qui raconte un trio amoureux. Nous nous sommes donc mises en scène Julie et moi. Dans le morceau on se rend compte qu’on a le même mec qui joue avec nous et qui sort avec nous deux. On peut synthétiser le titre par « Salaud » ou « Oh le gros salaud » (rires)

Something Is Gone

Et puis il y a « Something Is Gone », c’est une balade qui parle de l’impuissance. C’est une femme qui parle à son homme et qui dit « tu n’y arrives plus » (rires). Elle dit littéralement dans le refrain « Ton asticot ne sais plus grandir, ton serpent est lent, ton verre de terre s’ennuie ».

Mais en gros c’est une assez jolie balade qui n’est pas du tout moqueuse. C’est sur ce que les couples peuvent vivre lorsque le feu s’éteint et qu’il faut le rallumer. On l’explique avec l’impuissance, mais ce n’était pas du tout moqueur. Il y a des moments, dans les couples, où ça ne fonctionne pas et où il faut surmonter ça ensemble. Il y a un clip très beau, très émouvant, de Lia Bertels, en animation qu’il faut voir.

For Hands On Ass

Le dernier morceau c’est «For Hands On Ass». La traduction c’est «Pour main sur cul». En une phrase ce serait « Pour chaque main mise sur un cul sans consentement, un sort est jeté ». On incarne deux sorcières qui vont venger toutes les filles qui ont été touchées sans consentement.

Quel a été le morceau le plus cool à écrire pour vous?

Je pense que c’est le premier «Mouldy Beauty». Quand on écrivait les paroles, on se pissait dessus ! (rires)

Elles sont vraiment débiles, enfin pas débiles, mais on aime mettre de l’humour et de l’autodérision dans tous nos textes et celui-là est particulièrement gratiné à ce sujet.

Comment vous vous y prenez justement?

On est vraiment littéralement autour de la table pour écrire le morceau. Ça part souvent d’une petite idée d’une de nous deux et on la complète ensemble. Après, on réfléchit au thème, ce qu’on a envie de dire. Puis, on se met toutes les deux sur la feuille de papier pour écrire le texte. On a toutes les deux tous les rôles. Il y a des morceaux qu’on écrit ensemble de A à Z et d’autres où une à l’idée et l’autre se greffe à l’idée. Cela n’arrive jamais que l’une d’entre nous arrive vers l’autre avec un morceau déjà fait. On est vachement en mode « collectif » et tous les allers-retours sont possibles. Quand une partie ne plait pas à l’une d’entre nous, on le dit tout de suite et on la change dans l’immédiat. En ayant eu d’autres groupes et d’autres processus d’écriture, je trouve qu’on a beaucoup de chance d’avoir cette limpidité-là dans le travail. Pour la musique c’est pareil. On commence par la musique d’ailleurs. On ne veut pas avoir de restriction dans la créativité.

Quelle a été la suite à «Cast A Spell» votre premier album?

On a sorti un Ep de 5 titres en mars qui s’appelle «CRUMBS», il est en écoute partout. Un premier clip est sorti, qui s’appelle «See me now» et un autre clip va arriver. C’est un EP qui décrit 5 personnages comme toi et moi. Des personnages normaux, mais liés par une faille qu’ils ont. Ce disque parle d’épreuves à surmonter, de tares que nous devons surmonter. 

Et quels sont vos futurs projets?

C’est de jouer dans le monde entier et d’enregistrer un album qui défonce.On prévoit un album prochainement. On a envie de prendre bien le temps pour le réaliser, qu’il soit parfait et qu’on en soit fière. Et effectivement de jouer le plus possible, convaincre de nouveaux pays, de nouvelles personnes. C’est nos plus gros projets.

Nous remercions ces deux nénettes pour leur temps post-concert.

CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :

Léa Sapolin
Rédactrice en chef adjointe et webmaster d'Extended Player. Amoureuse du rap français et des bonnes punchlines, je pilote la section rap du mag depuis que j’ai 11 ans (oui, déjà !). En parallèle, je suis communicante freelance et chef de projet web, avec une expertise en e-commerce. Toujours connectée, toujours à l'affût des sons qui parlent et qui touchent !

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