Envie de parler de perfection tellement le plaisir est grand d’un titre à l’autre. Un concept gagnant avec le projet Roseaux qui réussit à offrir à ses invités de très belles plages musicales. Les trois porteurs du projet, Emile Omar, sound designer, producteur, ex-radio Nova, Clément Petit, violoncelliste et réalisateur, et Alex Finkin, réalisateur et directeur musical, proposent un écrin idéal pour la mise en valeur de voix exceptionnelles. A commencer par la souplesse aérienne du chant de Blick Bassy sur le très sud-américain « Kaät », tel un sensuel duel entre mélodie vocale et envolées oniriques de flûte traversière. On retrouvera Blick Bassy un peu plus loin avec le très jazzy « Mè Ni Wè », puis juste avant le final avec le grandiose titre choral « Libäk », sorte de film sonore d’une intensité dramatique remarquable. Ben l’Oncle Soul apparait lui aussi deux fois. Avec le sublime « Island » où le piano décroche ses mélopées au-dessus d’une ligne de contrebasse avenante – tube en puissance -, le genre de titre dont on reprend en chœur le refrain dès la première écoute. C’est un peu comme si l’on connaissait la chanson depuis toujours. Puis il revient sur « I Am Going Home », slow concentré et profond, d’une gravité portée là aussi par une contrebasse saisissante. Olle Nyman, dont le grain de voix n’est pas sans rappeler, par certaines accentuations, celle de Sting. Il interprète le très beau « Heart & Soul », autre slow-tube en puissance, ainsi que « Waves Of Sorrow », la clôture de l’album très en soul retenue. Autre homme rencontré ici, celui qui fut très présent sur le premier album de Roseaux, Aloe Blacc, avec « Daily Bread », un titre qui lui ressemble, franchement taillé pour lui. Puis enfin, et, si l’on avait été un tant soit peu galant, nous les aurions citées en premier, la gracieuse présence artistique et vocale de Anna Majidson sur « I Should Have Known », dont l’arrangement musical évoque d’assez près le fameux « English Gentleman In New-York » de qui vous savez. Sublime mélodie portée par cette voix unique. Et, pour Melissa Laveaux, une de nos nouvelles héroïnes, « You Can Discover » semble aussi lui avoir été taillée sur mesure. Musique écrin pour une voix incomparable et attachante dès son entrée en scène. Encore envie de reprendre l’adjectif sublime, tant il correspond à notre ressenti. En fait, au lieu de galanterie, disons simplement que le meilleur a été gardé pour la fin. Un disque qui va rester longtemps au-dessus de la pile, et à jamais parmi les inconditionnels.
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